Écrivaine, engagée, féministe: les trois cercles de la réception de Simone de Beauvoir en Israël
Denis Charbit
Département des littératures de langue française
2104-3272
Sens public
L’objet de cet article est de dégager la réception de l’œuvre de Simone de Beauvoir en Israël, en examinant le rythme des publications, les œuvres sélectionnées et celles qui ont été ignorées ou négligées. Cette diffusion s’est opérée au fil du temps, en fonction d’un axe privilégié : l’écrivaine, l’intellectuelle engagée, puis la philosophe féministe.
The aim of the article is to study Simone de Beauvoir’s reception by Israeli publishers and literary critics by examining the rhythm of publications, the works that were selected and those that were ignored or poorly considered. The spread of her writings occurred in behalf of a specific focus put on her: the novelist, the committed intellectual, the feminist philosopher.
El objetivo de este artículo es estudiar la recepción de la obra de Simone de Beauvoir en Israel por parte de editores y críticos literarios examinando el ritmo de las publicaciones, las obras seleccionadas y aquellas que fueron ignoradas o pobremente consideradas. Esta difusión se desarrolló en función de un eje privilegiado: la novelista, la intelectual comprometida y la filósofa feminista.
Simone de Beauvoir , réception critique , Israël , féminisme , intellectuelle engagée
Simone de Beauvoir, critical reception, Israel, feminism, committed intellectual
Simone de Beauvoir, recepción crítica, Israel, feminismo, intelectual comprometida

L’écho de l’œuvre de Simone de Beauvoir ne s’arrête pas aux frontières de la France et du monde francophone. Ses écrits ont une portée internationale comme en témoigne leur traduction dans de multiples langues. Dans un contexte linguistique, culturel et politique étranger, la réception d’une œuvre ne se limite pas seulement aux livres traduits, mais tient également au prestige de l’auteur.e, qui dépasse sa notoriété strictement littéraire. Ce phénomène s’applique particulièrement à Simone de Beauvoir dont l’engagement militant dans de multiples causes, à commencer par le féminisme, accompagne la diffusion de son œuvre écrite. Outre la réputation qui la précède et qui rejaillit nécessairement sur la décision de traduire ses livres, la promotion d’une œuvre au sein d’une société et dans une langue autre que celle où elle est initialement apparue dépend étroitement des besoins et des attentes de la scène culturelle où l’œuvre est exportée.

Le cas d’Israël qui sera ici étudié illustre l’importance conjointe de ces deux facteurs que forment l’image extérieure et les attentes internes. Si la première est à peu près stable, les secondes présentent un aspect dynamique et évoluent en fonction de la sensibilité ambiante. La notoriété de Simone de Beauvoir s’est maintenue à travers les années, nonobstant l’américanisation de culturelle de la société israélienne ; en revanche, les motifs pour lesquels sa présence dans le champ intellectuel a été justifiée ont considérablement varié d’une période à l’autre. Alors que de son vivant, Simone de Beauvoir a été une caution politique, en ce sens que son prestige a rejailli sur la cause et la légitimité d’Israël, dans la décennie qui a suivi sa disparition, c’est une autre Simone de Beauvoir qui a été brandie et portée au pinacle : une pionnière du féminisme1.

Simone de Beauvoir en hébreu : état des lieux

Avant d’examiner cette mutation, nous commencerons par fournir quelques données quantitatives relatives à la traduction en hébreu des livres de Simone de Beauvoir.

De son vivant, Simone de Beauvoir a publié en France et en français 25 livres répartis sur plusieurs genres littéraires : 10 essais, 6 volumes autobiographiques 5 romans, 3 recueils de nouvelles et une pièce de théâtre. À ce jour, un tiers de ses livres (huit exactement) est paru en hébreu et reste disponible sur le marché. En voici la liste :
  • 2 essais : Le Deuxième sexe et Pour une morale de l’ambiguïté.
  • 2 volumes autobiographiques : Une mort très douce et Mémoires d’une jeune fille rangée.
  • 2 romans : Les Mandarins et Le Sang des autres.
  • 2 recueils de nouvelles : La Femme rompue et Malentendu à Moscou.
  • Pour évaluer la performance, la comparaison avec d’autres écrivains français du 20ème siècle est éclairante. Nous ne retiendrons pas comme critère le ratio entre l’œuvre traduite et l’œuvre originale intégrale, ce qui donnerait un avantage aux auteurs peu prolixes, mais le nombre d’œuvres traduites en valeur absolue. En vertu de ce critère, Simone de Beauvoir se situe à la sixième place après Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Georges Simenon, Albert Cohen, Georges Perec, Romain Gary (Emile Ajar inclus). Avec 8 livres disponibles en version hébraïque, elle précède Marguerite Duras, Michel Houellebecq, Tahar Ben Jelloun, Patrick Modiano, Antoine Makine et le peloton des écrivains français dont une ou deux œuvres à peine existent en hébreu : La Condition humaine d’André Malraux, Chéri de Colette, Le Nœud de vipères et Le Désert de l’amour de François Mauriac, La Route de Flandres et L’Herbe de Claude Simon, Le Poisson d’or et Hasard de Le Clézio (mais non Étoile errante).

    Un autre indicateur pertinent consiste à examiner comment cette entreprise de traduction s’est déroulée dans le temps. Le processus a-t-il été continu ou bien a-t-il connu, en alternance, des périodes fastes et des périodes maigres ?

    Concernant l’œuvre de Simone de Beauvoir, nous pouvons dégager trois vagues discontinues de traduction :
  • Un seul livre en 1958 : Les Mandarins.
  • 3 livres entre 1983 et 1985 : Une Mort très douce ; La femme rompue ; Le Sang des autres.
  • Puis de 2001 à 2011, après plus de quinze ans d’interruption, surgit une nouvelle vague, une déferlante, constituée de quatre œuvres : Le Deuxième sexe, Mémoires d’une jeune fille rangée, Pour une morale de l’ambiguïté, Malentendu à Moscou, à quoi il faut ajouter des rééditions et des livres annexes.

    Des Mandarins fictifs en hébreu aux mandarins en chair et en os en Israël

    La première œuvre de Simone de Beauvoir traduite en hébreu fut donc Les Mandarins2. Nous sommes en 1958, quinze ans après l’entrée de Simone de Beauvoir dans le champ littéraire et intellectuel. La parution des Mandarins n’est pas fortuite : avec le retour du général de Gaulle aux affaires, elle s’inscrit dans une volonté politique d’affirmer la continuité de l’alliance franco-israélienne en dépit de l’effondrement de la IVème et l’avènement de la Vème République. Le roman de Beauvoir n’est pas le seul à paraître. Il y en a pour tous les goûts puisqu’on peut la même année se délecter d’Un certain sourire de Françoise Sagan et, puisqu’il faut bien rendre à César ce qui appartient à César, se plonger dans le premier tome des Mémoires de guerre du général de Gaulle. Cet éclectisme montre que la vie culturelle israélienne vit au diapason des grands succès qui émaillent la vie littéraire en France.
    L’influence française présente un volet culturel saillant et ne se limite guère aux aspects militaires et diplomatiques. Il est probable que le Prix Goncourt remis à Simone de Beauvoir quatre années plus tôt a pesé sur le choix du roman à traduire. Le puritanisme ascétique des années 1950 marqué par le collectivisme pionnier excluait toute possibilité pour la maison d’édition Sifriat Poalim (littéralement, bibliothèque des ouvriers, liée au parti de gauche Mapam) de jeter son dévolu sur L’Invitée trop scabreuse. Il était possible de se tourner vers Tous les hommes sont mortels, mais le roman historique était peu apprécié du public, plus enclin à lire des romans qui se déroulent ici et maintenant ou dans un passé très récent. Les Mandarins tombaient à pic : l’action se déroule à la Libération et rend compte du milieu intellectuel parisien pour lequel on éprouvait en Israël une fascination. La création d’un État impliquait l’émergence d’une vie artistique et intellectuelle intense et féconde dont Paris était le modèle avec ses cafés et ses muses.

    La critique fut dithyrambique. C’est aussi que la notoriété de Simone de Beauvoir précédait la parution proprement dite des Mandarins. Nul n’ignore alors qu’elle forme avec Jean-Paul Sartre le couple hors norme de l’engagement politico-littéraire et qu’ils ont pris la tête de la lutte intellectuelle contre la guerre d’Algérie après avoir rompu avec l’URSS suite à la répression de la révolte hongroise de 1956. Si la République des Lettres hébraïques ne concevait guère le rapport au pouvoir sous le mode de l’extériorité critique, mais cultivait plutôt le rapprochement critique avec le pouvoir, si en clair elle favorisait l’éthique de responsabilité bien plus que l’éthique de conviction, elle n’en était pas moins exaltée par le spectacle de la République des Lettres en France. À sa parution le livre est encensé pour la description de l’intérieur du climat parisien à la Libération. Certes, le lecteur israélien manque de repères pour comprendre tous les ressorts de ce roman à clefs de la faune intellectuelle qui régnait alors à Saint-Germain des Prés. Mais les fractures au sein de la gauche entre les partisans de l’Union soviétique et les partisans de l’alliance atlantique lui étaient familières car des dissensions semblables traversaient alors la gauche israélienne. La principale revue de littérature hébraïque, éditée par l’association des écrivains hébraïques en Israël, Moznaïm, ouvrit ses colonnes à la recension du livre par Rivka Gorfein. Elle émet des réserves sur le style, note quelques faiblesses de structure, juge les personnages trop schématiques pour être crédibles, mais ces aspects esthétiques n’altèrent pas l’importance d’un livre qui ne craint point de relever le défi posé au roman contemporain de se confronter aux problèmes de l’homme, de proposer une issue dans un contexte qui encourage à se démettre de ses responsabilités : « Toute idée » pose-t-elle, « doit être soumise à l’épreuve de la vie et peu d’idées, admet-elle, surmonte l’épreuve ». À rebours des clichés qui frappent régulièrement les existentialistes, elle souligne : « Ce n’est pas un livre qui déclare que la vie est absurde et sans issue. (…) C’est un livre sur l’homme moderne qui reste en ce monde dépourvu de force directrice, mais tire lui-même des combats qu’il mène le sens de sa vie. » (1959, 132). Le langage est sobre et distancié, mais le message crypté n’en est pas moins limpide : les lendemains qui ont cessé de chanter en France ne chantent pas non plus dans le jeune État d’Israël qui a effectué sa révolution, mais peine en 1958 à donner un second souffle à une société en voie de développement.

    Dans la décennie qui a suivi la publication des Mandarins, aucun livre de Simone de Beauvoir n’a été traduit. Cette parenthèse ne signifie nullement que l’auteure est absente de la scène politico-intellectuelle d’Israël. En effet, neuf ans après sa première apparition dans le champ littéraire hébraïque par le truchement des Mandarins, voilà qu’elle se rend en Israël en janvier 1967 avec Jean-Paul Sartre, sous la houlette de Claude Lanzmann, après une première étape en Égypte. On ne saurait minimiser l’impact de cette visite : la présence des deux grandes figures de l’engagement intellectuel a extrait le pays de l’anonymat et de l’indifférence dans lequel il était peu ou prou tenu. Il n’échappait à personne que leur voyage conférait à Israël une légitimité qui valait autant pour les intellectuels que l’alliance contractée avec de Gaulle, à six mois de la rupture fracassante que celui-ci se destinait à effectuer. C’est bien donc sous le signe de l’engagement – sur papier et en acte – que Simone de Beauvoir fit son entrée sur la scène intellectuelle israélienne, beaucoup plus que sur la scène littéraire. Il en est de même pour Sartre dont aucun de ses livres n’était traduit en hébreu à cette époque. Concernant Simone de Beauvoir, c’est son engagement politique qui comptait aux yeux des Israéliens, non son combat féministe. Celui-ci ne suscite guère alors l’attention, il génère même un changement de programme : elle avait souhaité traiter de la condition de la femme lors de la conférence publique programmée à l’université hébraïque de Jérusalem, mais la proposition a été écartée en arguant que le problème n’existe pas en Israël puisque les femmes accomplissent leurs devoirs militaires au même titre que les hommes et qu’au kibboutz, vitrine du socialisme autogestionnaire, les mères sont affranchies de l’impératif d’élever leurs enfants au foyer. Simone de Beauvoir s’est inclinée devant ses hôtes, mais demeura sceptique sur la réalité d’une affirmation aussi péremptoire3.

    Alors que son engagement en faveur de l’État d’Israël en 1967 parut en retrait par rapport à celui de Sartre qui multipliait, de son côté, pétitions et déclarations, voilà qu’au début des années 1970, il devint beaucoup plus manifeste et substantiel, déterminée qu’elle était à monter au créneau. En 1974, elle prit la tête du combat mené en France pour dénoncer la violation par la Syrie de la convention de Genève relative aux prisonniers de guerre israéliens. Elle multiplia conférences de presse, interviews et qualifia de « barbarie » dans un article publié dans Le Monde le refus des autorités syriennes de livrer les noms des prisonniers israéliens à la Croix-Rouge et de permettre à l’organisation humanitaire de leur rendre visite. Ce combat singulier lui valut des attaques au sein même du quotidien Libération tout juste fondé par Sartre. L’année suivante, elle se rendit elle-même en Israël pour recevoir le prix Jérusalem de littérature décerné tous les deux ans à un écrivain étranger. Cette visite eut lieu quelques mois après qu’Israël eut essuyé deux défaites diplomatiques sévères dans l’arène internationale : l’invitation faite à Yasser Arafat, le chef de l’O.L.P. à s’exprimer à la tribune de l’Assemblée générale des Nations-Unies, puis la mise à l’écart d’Israël des groupes d’États répartis par régions au sein de l’UNESCO. Simone de Beauvoir discernait là la suppression symbolique d’Israël et la mise en cause de sa légitimité, confirmée quelques mois plus tard par la résolution 3379 comparant le sionisme à une forme de racisme votée par une coalition majoritaire formée par les pays communistes, les États du tiers-monde et les membres de la Ligue arabe. La présence de Simone de Beauvoir en Israël, le « soutien critique » qu’elle apporta au peuple et à ses dirigeants lui valut une reconnaissance générale, mais cette démonstration d’amitié et de solidarité en des temps difficiles n’eut guère d’incidence sur la publication de ses livres en hébreu. Alors que dans les années 1970, on commençait enfin à traduire Sartre (Réflexions sur la question juive, puis L’Age de raison, le premier volume des Chemins de la liberté), romans et essais de Simone de Beauvoir ne suscitaient pas d’attraction parallèle. Il n’est pas impossible qu’ait joué en sa défaveur le préjugé machiste en vertu duquel Sartre était le maître tandis que Beauvoir aurait été tout au plus une brillante disciple, mais une élève seulement. Traduction pour traduction, on s’est donc tourné vers l’original et on a récusé ce que l’on a considéré comme une copie. Il est vrai que l’attribution du prix Nobel à Sartre en 1964 et, plus encore, le refus sans précédent de le recevoir a conféré à Sartre, bien plus qu’à Beauvoir, le profil non-conformiste qui la caractérisait tout autant.

    Du féminisme littéraire au féminisme de combat

    C’est au début des années 1980 que s’est amorcé un tournant avec la parution du premier magazine féministe en Israël. Prenant acte de l’échec d’une liste de femmes aux élections législatives en 1977, la rédaction de Noga s’était résolue à entreprendre un travail de prise de conscience de longue haleine. La référence à la pensée et à l’action de Simone de Beauvoir devint incontournable, et la concurrence de Sartre était, cette fois, absente. Il ne s’agissait plus de célébrer son engagement en faveur d’Israël ou son œuvre littéraire toujours méconnue, mais bien son apport décisif aux femmes et au féminisme. Faute de pouvoir publier Le Deuxième sexe, la rédaction en présentait une synthèse sur plusieurs numéros4. Elle devint la référence théorique majeure en matière de féminisme. Faut-il voir dans cette résurgence le levier principal qui a propulsé la traduction de son œuvre romanesque ? Ou bien est-ce la disparition de l’arbre Sartre qui a permis de révéler la forêt beauvoirienne ? Ou encore la prise de position de Simone de Beauvoir après le massacre de Sabra et Chatila pour rappeler qu’on imputait aux Israéliens un crime dont les auteurs et les coupables étaient les milices phalangistes libanaises ? À moins que n’ait prévalu le sentiment qu’il y avait là une grave lacune éditoriale à combler : d’un côté, elle était un des noms les plus importants de la littérature contemporaine ; de l’autre, on ne disposait d’elle en hébreu en tout et pour tout que d’un seul et unique roman traduit en 1958. Au début des années 1980, furent publiés, coup sur coup, Une mort très douce (1983)5, La femme rompue (1984)6 et Le Sang des autres (1985)7. Si la parution du dernier livre s’explique également par l’intérêt croissant pour la littérature ayant trait à la seconde guerre mondiale en Europe, les deux premiers plaçaient au centre de l’action des personnages de femme, à travers la relation entre une mère et sa fille et celle qui se noue et se dénoue entre l’épouse et le mari. C’est dans cette période-là que la romancière fut mise à l’honneur pour son écriture blanche qui s’harmonisait bien avec l’hébreu moderne rétif aux ornements et aux figures de style ampoulées. Mais c’est la thématique des récits qui s’accordait surtout à l’esprit du temps : en relatant l’expérience universelle de la disparition de la mère, puis celle de la condition de la femme reléguée aux marges, les récits de Simone de Beauvoir proposaient aux lecteurs et surtout aux lectrices israéliennes une prise de conscience lucide et critique. Celle-ci coïncidait avec l’émergence en Israël d’un individualisme qui détrônait l’hégémonie du collectif et la domination masculine régnant sans partage depuis la création de l’État d’Israël. C’est qu’entretemps les revendications égalitaires s’étaient essoufflées. C’est au nom de cette suprématie du nous dont le soldat était la figure emblématique que la voix singulière des femmes avait été étouffée, et notamment en littérature. Celle-ci les avait cantonnées à un rôle second sinon secondaire. Osant transgresser les rôles traditionnels de fille, de mère et d’épouse, Simone de Beauvoir fut perçue alors comme une pionnière rejetant toute forme de cloisonnement et de sujétion, s’autorisant aussi bien à écrire sur l’intime que sur la guerre. Tandis que Le Sang des autres fut qualifié de « roman didactique » et de « roman décevant » (Perlis 1986), les deux récits intimistes remportèrent un succès critique et public. Les signes ne trompent pas : Une mort très douce fit l’objet d’une réédition en 2008 après avoir été épuisé, et une des trois nouvelles de La Femme rompue fut adaptée au théâtre avec succès. Une grande comédienne israélienne fit de « Monologue » un one woman show intitulée Une femme seule (Isha Levad)8. Force cependant est de constater qu’après cette période objectivement intense – un livre par an – a succédé une nouvelle éclipse de près de quinze ans. Certes, les notices nécrologiques ont abondamment signalé sa disparition, mais c’est moins son œuvre littéraire qui a été encensée que sa personnalité publique comme femme et comme intellectuelle engagée : « Pionnière de la lutte pour la libération des femmes » (Edwin Eytan), « Indépendante » (Avraham Adar), seul le chroniqueur littéraire du Haaretz, Benny Ziffer, épousait le point de vue contraire et osait la définir, par rapport à Sartre, comme « L’accompagnatrice ».

    C’est alors qu’à l’orée des années 2000, pas moins de quatre ouvrages (la moitié des livres traduits à ce jour) sont parus en quinze ans. Ce qui frappe immédiatement dans cette nouvelle vague, c’est que la part de la fiction, autrefois dominante, devient marginale et que la philosophe, la théoricienne et l’écrivaine autobiographique est enfin révélée. Cette consécration conférée à Simone de Beauvoir passe par la reconnaissance des diverses cordes à son arc littéraire : philosophie, essai de synthèse et de combat, autobiographie et nouvelle. Paraissent donc son ouvrage théorique capital : les deux volumes du Deuxième sexe ((2001) pour le premier, (2007) pour le second) ; sa pensée philosophique : Pour une morale de l’ambiguïté (2011a) ; le premier tome de son autobiographie : Mémoires d’une jeune fille rangée (2011b) ; seule la nouvelle : Malentendu à Moscou (2016) est l’exception à la règle. Ajoutons enfin dans cette même décennie les rééditions en 2001 des Mandarins, en 2008 d’Une mort très douce et en 2011 de La Femme rompue. La traduction du Deuxième sexe a été accueillie avec éclat par les féministes israéliennes. La députée de gauche, Anat Maor, a dégagé le sens du livre en empruntant la formule consacrée du récit de la sortie d’Égypte : « De l’esclavage à la liberté » (2001). Que le livre de Beauvoir remonte à 1949 n’en fait pas un livre désuet un demi-siècle après : « la révolution féministe en est à son premier jour » déclare Orit Kamir dont les travaux de recherche portent sur le droit au crible du féminisme (2001).

    Pour tardif qu’il soit, cet essor confirme la place prise par le féminisme en Israël, jusque dans les milieux religieux ultra-conservateurs investis par des groupes de femmes qui réclament le droit d’étudier le Talmud (la Loi orale réservée aux hommes), celui de lire la Thora publiquement à la synagogue et s’organisent de manière autonome. Le combat féministe que Simone de Beauvoir a mené par l’écrit et en acte est depuis les années 2000 la voie d’accès principale grâce à laquelle son nom est dans le domaine public. Même si « on ne naît pas femme, on le devient » sonne moins bien en hébreu qu’en français, son usage est concomitant de l’entrée du mot « genre » dans la langue hébraïque et pour lequel on a trouvé un néologisme (migdar) qui a fait sensation. Il faut souligner, à cet égard, le rôle capital joué par les universités israéliennes. Outre le fait que la population étudiante est devenue majoritairement féminine, c’est à la fin des années 1990 seulement que le féminisme comme point de vue théorique a acquis une légitimité et pénétré l’institution. Des premiers cours spécifiques sur les femmes ont été dispensés dans les départements d’histoire, de littérature et de sociologie. Aujourd’hui, la plupart des cours magistraux intègrent l’apport de la théorie féministe sur la discipline enseignée. L’introduction à la philosophie politique, qui inclut au programme une dizaine de penseurs, part de Platon et se termine par… Simone de Beauvoir. Des programmes de maîtrise et de doctorat sont aujourd’hui consacrés à la problématique du genre. Bien sûr, la notoriété de Simone de Beauvoir s’accompagne de critiques et de mises en causes avec la traduction en hébreu d’écrits féministes qui font l’inventaire des apports, mais aussi des limites de sa réflexion. L’orientation culturelle d’Israël vers les États-Unis et le succès des post-colonial studies détournent l’attention autrefois concentrée presque exclusivement sur Simone de Beauvoir. Il faut voir là la rançon du succès. C’est précisément parce qu’elle a acquis une réputation irréversible que la presse littéraire accueillit avec sévérité la réédition en 2001 des Mandarins. Certes, une part de la critique visait l’éditeur qui s’était contenté de republier l’ouvrage de 1958 alors que la langue hébraïque parlée et écrite a considérablement évolué depuis au point que le texte contient des archaïsmes qui auraient pu et du être supprimés à l’occasion de cette réédition. Mais outre les reproches faits à l’éditeur qui n’a pas cru bon procéder à une indispensable relecture, la critique s’en prit également au roman lui-même considéré comme démodé et dépassé sur le plan politique comme esthétique. Pour la romancière et critique, Batya Gur, aujourd’hui disparue, le roman à clefs tue l’intrigue et les débats entre intellectuels parisiens à la Libération en font un roman à thèse indigeste, qui ne vaut plus que comme document historique sur la sensibilité dominante d’un temps révolu9.

    Une consécration dans la longue durée

    Simone de Beauvoir n’est pas en Israël une romancière parmi d’autres. Son nom constitue un capital culturel, une icône, pas seulement comme métaphore. Alors que les couvertures de livre en Israël sont des illustrations en couleurs originales ou des reproductions d’œuvres d’art en rapport plus ou moins étroit avec la thématique traitée, on a recours pour la plupart des livres de Simone de Beauvoir à une photographie de l’auteure en noir et blanc. Comme l’image retenue remonte aux années 1945-1955, c’est à la fois sa jeunesse qui est signifiée en même temps que son aura. Autre privilège conférée à ses livres, et qui est dans l’édition israélienne la marque des classiques traduits en hébreu, ses ouvrages publiés depuis 2001, rééditions incluses, contiennent tous une postface inédite, d’une dizaine de pages environ, écrite par un universitaire israélien spécialiste de son œuvre10. L’objet du texte en question est de rétablir l’auteure et le livre proprement dit dans leur contexte historique, politique, philosophique ou psychologique, puis de dégager la pertinence sinon la permanence de l’œuvre qui précède. Ely Ben-Gal, à l’issue des Mandarins, rend compte du milieu intellectuel parisien en général, des relations qu’il a nouées avec Simone de Beauvoir en Israël lors de son voyage avec Sartre, puis à Paris lorsqu’il s’y est rendu au début des années 1970 ; Iran Dorfman s’est penché, lui, sur les Mémoires d’une jeune fille rangée, s’interrogeant sur la part de l’autobiographie chez Beauvoir, le sens de sa démarche autant que ses limites et apporte son interprétation du « je me sens flouée » qui clôt La Force des choses. Dina Haroubi a signé l’épilogue qui suit Pour une morale de l’ambiguïté, discernant dans cet essai une réflexion authentiquement philosophique qu’elle aurait elle-même minimisée au profit de Sartre. La postface d’Une mort très douce est double : outre la contextualisation également opérée par Dina Haroubi, Mical Brown et Ofer Bercovitch, de l’unité psycho-oncologique de l’hôpital Hadassah à Jérusalem, relient leur propre lecture du récit de Simone de Beauvoir à leur expérience clinique quotidienne : ils témoignent du rapport singulier à la mort que nouent des cancéreux en phase terminale conscients de leur état, alors que leurs proches persistent à ignorer leur fin imminente. Enfin, même la nouvelle posthume, Malentendu à Moscou, fait l’objet d’un commentaire par le traducteur Nir Rachovsky.

    Dernier volet qu’il nous reste à évoquer : outre les livres de Simone de Beauvoir, les livres sur Simone de Beauvoir. Si aucune des grandes biographies effectuées par Deirdre Bair, Claude Francis et Fernande Gontier et Danièle Sallenave n’est parue en hébreu, contrairement à celle d’Annie Cohen-Solal sur Sartre et d’Olivier Todd sur Camus, on trouve, en revanche, deux livres sur le couple Sartre-Beauvoir. Signés du critique allemand Walter van Rossum (2000), et de Hazel Rowley (2007), ils témoignent de la curiosité pour ce duo non-conformiste qui frappe toujours l’imagination11. L’heure étant à l’empowerment, un éditeur de littérature enfantine a inscrit à son catalogue une collection mettant en avant des femmes qui se sont illustrées dans les domaines de la science, de l’art et de la politique, et dont la vocation est née dès leur enfance : parmi les écrivaines retenues, outre Jane Austen, Simone de Beauvoir (Vegara 2019).

    Étant entendu qu’une œuvre n’est jamais traduite en langue étrangère dans son intégralité, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’une langue minoritaire non employée en-dehors du pays concerné, il convient de s’interroger sur les choix opérés, de discerner la part qui a été retenue dans son œuvre et celle qui a été marginalisée sinon occultée. Pour un éditeur, l’échec d’un ouvrage dans le pays et la langue d’origine est rédhibitoire. Ceci explique pourquoi la pièce de théâtre – Les Bouches inutiles – n’a pas été traduite en Israël, pas plus qu’elle n’a été montée, sans compter le fait que Simone de Beauvoir n’a plus jamais été tentée d’en écrire une seconde. Si le succès critique et commercial d’un livre augmente ses chances d’être traduit dans une langue étrangère, on ne saurait en faire un critère exclusif, car la stimulation extérieure doit être confirmée et complétée par un besoin local intérieur. Or, il y a dans la production beauvoirienne deux catégories qui ont été négligées, voire ignorées : d’une part, les écrits de circonstance, notamment les récits de voyage en Chine populaire (La Longue marche) et aux États-Unis (L’Amérique au jour le jour). Pour ne pas être dépourvus d’intérêt à titre de représentation d’un univers lointain et exotique, mais non moins fascinant (la Chine) ou d’un univers proche mais considéré avec distance (les États-Unis), les deux livres sont aujourd’hui extrêmement datés. Il est peu probable qu’un éditeur israélien les exhume, de même que son essai méconnu sur La Vieillesse et la collection d’articles recueillis dans Privilèges. On peut être surpris, en revanche, que trois romans parmi les cinq qu’elle a écrits n’aient pas trouvé preneur : L’Invitée ; Tous les hommes sont mortels ; et Les Belles images. Il ne faut guère exclure que l’un de ces livres, ou les trois peut-être, ne le soit au cours de la prochaine décennie. Cependant, l’écart entre la réception en France et en Israël est particulièrement spectaculaire lorsqu’on remarque l’absence des quatre volumes autobiographiques qui suivent les Mémoires d’une jeune fille rangée, de La force de l’âge à La Cérémonie des adieux.

    Alors qu’en France et dans les pays anglo-saxons, ils ont été un tremplin extraordinaire dans sa carrière littéraire, puisqu’elle a exposé sa propre existence et posé un regard singulier sur son époque à travers eux, en Israël, il faut bien se rendre à l’évidence d’un désintérêt manifeste. La source de cette indifférence à cette veine autobiographique réside probablement dans la méconnaissance sinon l’ignorance qu’ont les Israéliens des figures et des événements évoqués. C’est une chose de savoir que la France a traversé après-guerre la guerre d’Algérie et Mai 68, une autre d’en suivre le cheminement, étape par étape. Outre Camus, Sartre, Fanon et Lanzmann, bien connus en Israël, que savent les Israéliens du Nouveau Roman ou des querelles avec les communistes français, Pierre Hervé et Jean Kanapa ? Une traduction en hébreu exigerait inévitablement la mise en place d’un appareil de notes considérable qui alourdirait la lecture et serait dissuasif.

    Si l’œuvre de Simone de Beauvoir est devenue finalement accessible en hébreu, on le doit à la fortune du féminisme en Israël. Il était dans les années 1970 une idéologie étrange et étrangère à l’ethos israélien, le privilège de quelques happy few passées par le Women’s lib, tandis que la prise de conscience est aujourd’hui répandue, principalement dans la jeunesse lycéenne et étudiante. Certes, il ne fait pas consensus : pour justifier la relégation des femmes de l’espace public, les forces religieuses, pourvues de relais politique à l’Assemblée et au gouvernement, invoquent contre le féminisme le droit à la différence pour les minorités multiculturelles et confessionnelles.

    Cette brève étude sur l’impact de Simone de Beauvoir nous permet de poser plusieurs hypothèses concernant la postérité d’une œuvre. Celle-ci est liée aux conditions culturelles et sociales du pays dans lequel l’œuvre est traduite; la réception d’une œuvre ne s’appuie pas seulement sur l’ensemble des livres traduits en tant que tel, mais doit prendre en compte l’image publique de l’auteure; enfin, plus que la critique littéraire, c’est l’université qui a joué le rôle d’institution médiatrice dans la diffusion d’une pensée. Celle-ci ne relève pas d’un processus progressif continu à travers le temps, mais passe par des périodes alternées de présence et d’éclipse. Le paradoxe de la réception de l’œuvre de Simone de Beauvoir en Israël tient sans aucun doute au fait que contrairement à de nombreux pays, ce n’est pas par son œuvre autobiographique et son militantisme féministe qu’elle a acquis d’emblée sa place, mais par sa prose romanesque d’abord, sa figure d’intellectuelle engagée ensuite. C’est dans un troisième et dernier temps seulement que cet engagement féministe est devenu le passage obligé qui lui a conféré définitivement une place de marque dans le panthéon intellectuel israélien.

    Références

    Beauvoir, Simone de. 1958. Ha-mandarinim (Les Mandarins). Tel-Aviv: Sifriat Poalim.
    Beauvoir, Simone de. 1983. Mavet rakh meod (Une mort très douce). Le livre a été réédité en 2008. Jérusalem: Keter.
    Beauvoir, Simone de. 1984. Isha shvoura (La Femme rompue). Le livre a été réédité en 2011 chez un autre éditeur : Mahbarot lesifrout. Tel-Aviv: Zmora-Bitan-Modan.
    Beauvoir, Simone de. 1985. Damam shel aherim (Le Sang des autres). Tel-Aviv: Zmora-Bitan-Modan.
    Beauvoir, Simone de. 2001. Hamin hasheni (Le Deuxième Sexe). Vol. tome 1. Tel-Aviv: Babel.
    Beauvoir, Simone de. 2007. Hamin hasheni (Le Deuxième Sexe). Vol. tome 2. Tel-Aviv: Babel.
    Beauvoir, Simone de. 2011a. Likrat moussar shel dou-machmaout (Pour une morale de l’ambiguïté). Tel-Aviv: Resling.
    Beauvoir, Simone de. 2011b. Zikronoteiha shel neara mekhounekhet (Mémoires d’une jeune fille rangée). Jerusalem: Keter.
    Beauvoir, Simone de. 2016. I-havana be-Moskva (Malentendu à Moscou). Tel-Aviv: Ahouzat Bayit.
    Feldman, Yaël. 1999. « Traces of Simone de Beauvoir in Israeli Feminism ». Revue européenne des études hébraïques, 25‑33.
    Francis, Claude, et Fernande Gontier. 1979. « Solidaire d’Israël : un soutien critique ». In Les Écrits de Simone de Beauvoir. Paris: Gallimard.
    Gorfein, Rivka. 1959. Les Mandarins. Moznaïm.
    Gur, Batya. 2001. « Mitvakhim, Mitnagdim, Mitkahashim, Metichim (Ils débattent, s’opposent, nient, s’épuisent) ». Haaretz, décembre.
    Kamir, Orit. 2001. « Ha-mahapekha ha-feministit tamid be-yoma ha-rishon ». Haaretz, mai.
    Maor, Anat. 2001. « Mi-avdout le-herout ». Yediot Aharonot, mai.
    Perlis, Isa. 1985. « Isha intelligentit, roman meahkhzev ». Haaretz, décembre.
    Perlis, Isa. 1986. « Ha-roman ha-didakti shel Simone de Beauvoir ». Al Hamichmar, février.
    Rossum, Walter van. 2000. Sartre Ve-Simone de Beauvoir (Beauvoir und Sartre. Die Kunst de Nahe). Tel-Aviv: Sifriat Poalim.
    Rowley, Hazel. 2007. Be-arba einayim. Jean-Paul Sartre ve-Simone de Beauvoir: hayehem, ahavatam, ahavoteihem (Tête à tête. The lives and loves of Simone de Beauvoir and Jean-Paul Sartre). Jérusalem: Keter.
    Vegara, Isabel Sanchez. 2019. Simone de Beauvoir. Ktanot Gdolot (Des petites [devenues] grandes). Tel-Aviv: éditions Tseltner.

    1. Cet article ne vise pas à détecter l’impact de Simone de Beauvoir sur des écrivaines israéliennes, recherche qui a été effectuée par Yaël Feldman, « Traces of Simone de Beauvoir in Israeli Feminism », Revue européenne des études hébraïques (REEH) (1999), hors-série, pp. 25-33.↩︎

    2. Simone de Beauvoir, Hamandarinim, Tel Aviv, Sifriat Poalim, 1958. Le livre a été réédité en 2001.↩︎

    3. Simone de Beauvoir, “Solidaire d’Israël : un soutien critique”, in Claude Francis et Fernande Gontier, Les Écrits de Simone de Beauvoir, Paris, Gallimard (1979), p. 526. Dans leur biographie consacrée à Simone de Beauvoir, Claude Francis et Fernande Gontier rapportent une autre explication au changement de sujet : ce serait Beauvoir qui aurait renoncé à parler du rôle de la femme dans le monde d’aujourd’hui, « persuadée que ce n’était plus un sujet d’actualité en Israël », Claude Francis et Fernande Gontier, Simone de Beauvoir, Paris, Perrin (francis_simone_1986?), p. 347.↩︎

    4. Voir Noga, n° 11 (1985), 12 (1986), 16 (1988) et 21 (1991).↩︎

    5. Simone de Beauvoir, Mavet rakh meod, Jérusalem, Keter, 1983. Le livre a été réédité en 2008.↩︎

    6. Simone de Beauvoir, Isha shvoura, Tel-Aviv, Zmora-Bitan-Modan, 1984. Le livre a été réédité en 2011 chez un autre éditeur : Mahbarot lesifrout.↩︎

    7. Simone de Beauvoir, Damam shel aherim, Tel-Aviv, Zmora-Bitan-Modan, 1985.↩︎

    8. Notons également l’adaptation de « L’Age de discrétion » (la nouvelle qui clôt La Femme rompue) pour un court métrage réalisé en 1967 par le cinéaste israélien Avraham Haffner. Le film Leat yoter (Plus lentement) est considéré comme la première tentative réussie d’adopter les principes esthétiques de la Nouvelle Vague, rompant avec la comédie populaire et le genre militariste et patriotique qui dominaient la production cinématographique.↩︎

    9. Batya Gur (2001). Un avis similaire a été exprimé par Yagil Ran dans une chronique publiée dans le supplément littéraire du quotidien Maariv, 29/3/2002.↩︎

    10. Il n’a pas été fait appel à un spécialiste pour apporter un complément au Deuxième sexe, mais les deux volumes contiennent un appareil de notes, pour la plupart des notices biographiques et des clarifications d’ordre linguistique, établi par la traductrice Sharon Preminger.↩︎

    11. Le livre de Walter van Rossum, Beauvoir und Sartre Die Kunst der Nahe, Rowohlt, 1998 est paru en hébreu chez Sifriat Poalim en 2000; celui de Hazel Rowley, Tête-à-tête, 2006 est paru en hébreu chez Keter en 2007 sous le titre un peu racoleur : Entre quatre yeux. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir : leurs vies, leur amour, leurs amours.↩︎