Quand être écrit permet d’exister : le cas de la théorie queer au Québec
Essai dans le cadre du séminaire Littérature et culture numérique
Émilie St-Martin
Département des littératures de langue française
2104-3272
Sens public 2019/12/11
Québec
Édition, presse et médias
Langage

Quand être écrit permet d’exister : le cas de la théorie queer au Québec

Les mots ! De simples mots ! Comme ils étaient terribles ! Quelle clarté en eux, quel éclat, quelle cruauté ! Impossible de leur échapper. Et cependant, quelle magie subtile ! On aurait dit qu’ils étaient capables de donner une forme plastique à des choses informes […]

― Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray

Introduction

Je commencerais d’emblée avec cette affirmation : le langage est une toile d’araignée. De l’institution de la parole au corps, en passant par tous les types de supports et par la diffusion des idées, le langage est maître – il régit, subordonne et tisse des liens entre nous et le monde. Qu’on le veuille ou non, tout nous ramène à lui : il définit le sens et dicte la norme, peu importe son mode d’expression. J’aimerais, à l’occasion de ce texte, interroger la primauté du langage pour un cas en particulier, c’est-à-dire l’absence de reconnaissance de la communauté et de la théorie queer au Québec. Pourquoi, à l’ère où l’accès à l’information n’a jamais été aussi facile, la communauté queer n’arrive-t-elle pas à se tailler une place reconnue dans la société québécoise ? C’est ce que je tenterai d’élucider en montrant que cette résistance sociale est en fait le résultat de l’indissociabilité de la langue et de son inscription matérielle. Il s’agira de montrer en quoi le lien entre la stabilisation d’une théorie queer au Québec et son inscription matérielle dans une écriture se pose comme indispensable, parce qu’elle est créatrice de légitimité.

Historique du terme et genèse du problème

Depuis la première apparition du terme queer en 1990 sous la plume de la théoricienne américaine Teresa de Lauretis, il semblerait logique que la théorie queer bénéficie d’une place acceptée – ou du moins un peu plus tolérée dans notre société, presque trente ans plus tard. Or, même si un relatif climat d’ouverture d’esprit est établi sur le plan sexuel, culturel et social à Montréal et au Québec en général, il subsiste une véritable méfiance à l’encontre du queer. Celui-ci demeure largement incompris en dehors de la communauté LGBTQ+ et en dehors des milieux scolaires, principalement collégial et universitaire. Même vulgarisé au maximum ou résumé en quelques phrases clés, il reste difficile de convaincre un québécois n’ayant pas de connaissances de base relatives à la théorie des genres que le queer comme identité ou même juste comme concept existe. De plus, il faut soulever l’existence d’une question importante et connexe à cette incompréhension : comment expliquer ce fameux « Q » dans un langage non-hermétique alors que lui-même refuse de se figer par une description claire, nette et précise à l’instar de ses lettres consœurs L,G, B et T ? Comment décrire une théorie ou une identité qui se réclame en fait de ce qu’elle n’est pas ?

Dans un premier temps, le problème se pose par le fait que la langue définit difficilement ce qu’est le queer. Avant d’en venir à la problématique évoquée en introduction, il me semble pertinent de poser les bases du queer en tant que tel. Étymologiquement, on retrace l’origine du mot au bas ou moyen allemand : queer signifie alors quelque chose d’« oblique » ou de « tordu », mais l’emploi du terme relève surtout de la langue anglaise et n’a d’ailleurs pas d’équivalent en français. Inexistant du dictionnaire Larousse ou de tout autre dictionnaire en langue française, on classe le mot queer dans les dictionnaires anglais en tant qu’adjectif (queer-er, queer-est) ou en tant que nom commun considéré comme du slang. Quelques définitions qui lui sont attribuées sont par exemple : « strange or odd from a conventional viewpoint ; unusually different ; singular », « of a questionable nature or character ; suspicious ; shady », « mentally unbalanced or deranged » ou encore « a term used to refer to a person who is gay or lesbian ». La définition qui nous intéresse dans ce cas-ci est : « a person whose sexual orientation or gender identity falls outside the heterosexual mainstream or the gender binary1 ».

À cet effet, dans les années 2000 au Québec, il y a eu un effort de traduction du terme queer par l’expression « allosexuel » au sens de « toute personne éprouvant des attirances sexuelles et étant confrontée à celles-ci, à de la discrimination ou à des questionnements face à leur orientation sexuelle ou à leur identité de genre […]2 », tel que défini par le Regroupement d’entraide pour la jeunesse allosexuelle du Québec (2004-2008) maintenant absorbé par le Conseil québécois LGBT. L’utilisation du terme « allosexuel » s’atténue pourtant à partir des années 2010 au profit de la réinstauration de queer « parce qu’[allosexuel] renvoie à une vision assimilationniste de la communauté gaie, une vision qui cherche à s’intégrer en reproduisant les normes plutôt qu’à les dépasser de manière critique. Il [demeure] marqué d’une connotation générationnelle : les allosexuels, ce sont les jeunes3 ». La communauté queer se veut à la fois distante des définitions que l’on retrouve dans le dictionnaire, mais se réclame en même temps d’elles pour incarner volontairement cette « anormalité » qui lui est attribuée.

Tentative de définition

Une partie de la non-compréhension autour du queer découle du fait que le terme se veut non-définissable, car il refuse de se voir épingler les différents termes associés aux identités ou orientations sexuelles que l’on connaît – homme, femme, androgyne ; hétéro, homo ou bisexuel. La dernière définition du Collins English Dictionnary citée plus tôt est assez bonne d’entrée de jeu. On peut parler du caractère proprement polysémique du mot, de son ambiguïté volontaire comme le démontrent les définitions multiples des différents chercheurs américains et français qui se sont intéressés au queer : « insaisissable, indéfinissable et sans cesse en mouvement4 », « une injure, une interpellation qui produit les positions du sujet abject dans un certain type de discours homophobe. ‘‘Queer’’ désigne alors l’autre, le dehors de la normalité sexuelle5 », « strange, odd, unusual, abnormal6 », « situation sociale non normative7 » ou encore « non-hétérosexuel8 ». Ce qui en ressort est que le queer se définirait en premier lieu par ce qu’il n’est pas.

Le théoricien français Paul Preciado envisage plutôt le terme queer comme relevant du genre, l’indice d’une multitude, c’est-à-dire « le nom de l’ensemble des dispositifs sexopolitiques (de la médecine à la représentation pornographique en passant par les institutions familiales) qui vont faire l’objet d’une réappropriation par les minoritaires sexuels9 ». Cette approche contemporaine qui conçoit la multitude queer comme un processus de « déterritorialisation de l’hétérosexualité10 » est un point de vue qui m’intéresse particulièrement parce qu’il considère à cet effet que la théorie queer « porte en elle, comme échec ou comme résidu, l’histoire des technologies de normalisation du corps11 » qu’on pourrait apparenter à l’échec du langage (j’y reviendrai). Cette histoire, menant à la contemporanéité du discours queer du XXIe siècle, s’inscrit dans une tradition qui relève, entre autres, des études de la sexualité et des déviances sexuelles (dans le sens historique du terme), telles qu’étudiées alors par Krafft-Ebing, Freud, Hirschfeld, Ellis, Magnan, Foucault et plusieurs autres théoriciens des XIXe et XXe siècles. Il faut nécessairement tenir compte de l’évolution et de l’influence de ces différents discours médico-sexuels pour en arriver à comprendre la légitimité dont devrait bénéficier le discours queer, lui-même résultat des différentes révolutions sexuelles. En bref, la multitude queer, telle qu’entendue par Preciado, s’érige contre les régimes sexopolitiques qui construisent les catégories considérées « normales » et « anormales12 », notamment pour faire place au monstrueux et à ce qui n’est pas représenté dans l’institution de la parole et dans la terminologie.

Le royaume du langage

Un texte sur la primauté du langage qui a été très révélateur pour moi est un essai d’Ollivier Dyens Enfanter l’inhumain : Le refus du vivant. Il démontre très habilement que nous ne contrôlons pas le langage en tant qu’humains, mais que c’est plutôt le langage en tant qu’organisme vivant, tel un virus, qui nous dirige, nous manipule et nous utilise pour se disséminer plus efficacement. Alors que le langage semble avoir pour mission la « multiplication importante de la qualité, de la quantité et de la sécurité de l’échange informationnel13 » en plus de se prévaloir d’une innovation infinie, est-ce que le queer, en refusant de se fixer dans la binarité sexuelle, dans ce que l’on connaît du langage qui lui est intimement associé, dépasserait notre notion du vivant et de l’être humain biologique ? Il incarne proprement ce qui est monstrueux, cet en-dehors de la norme sexuelle et langagière, extérieur à l’anormal même. Le queer réinvente l’identité. Le queer n’a pas d’identité. Ne pourrions-nous pas simplement envisager sa relative nouveauté comme un espace transitoire ou comme une branche identitaire fluide du langage puisque « nous serions humains non pas parce que nous parlons, mais bien parce que nous disséminons le langage14 » ? Comme la langue manque de mots pour exprimer cette réalité et que, de toute manière, nous lui sommes dépendants, il faudrait donner une meilleure visibilité à ceux qui travaillent avec (ou contre) elle - en l’occurence les théoricien(ne)s et les personnes appartenant à la communauté, pour en venir à la création d’un espace langagier queer compréhensible pour tous. Je crois que le queer est encore peu appréhendé parce que son caractère abstrait lui permet de résister au virus qu’est le langage dans la mesure où nous avons l’habitude de donner la primauté à celui-ci, nous nous sentons donc perdus ou dépassés par la fluidité et le caractère vague du concept sur le plan identitaire et langagier.

Un bon exemple de cette difficulté posée par la langue qui conduit à une résistance sociale à l’encontre du queer est le fait de ne pas pouvoir utiliser de pronoms genrés féminins ou masculins. En anglais, on résout facilement le problème : on interpelle les personnes qui s’identifient comme non-binaires par les pronoms they et them. En français, comme nous n’avions pas ce genre de pronoms grammaticaux neutres ou inclusifs, il a fallu les inventer : iel, ellui, ille, lo, li, lu, etc. Dans cet ordre d’idées, Samuel Archibald souligne justement que le français ne dispose pas de forme neutre « pour décrire le fait de donner forme concrète à un concept abstrait15 » et donc que « l’idée même de ‘‘donner corps’’, de fournir une forme concrète, voire un substrat matériel, à des abstractions est irrémédiablement liée à un vaste complexe idéologique […]16 ». Le queer, comme je le mentionnais, est justement l’une de ces abstractions résistant au langage qui refusent de se donner corps, tant sur le plan identitaire que sémantique. Le résultat est qu’il se retrouve en-dehors de la norme langagière et par le fait même, en-dehors de la norme sociale.

Le « problème québécois » et l’inscription matérielle légitime

La théorie queer reste pour le moment indissociable des noms des américaines Teresa de Lauretis, Eve Kosofsky Sedgwick et Judith Butler parce qu’elles ont été les premières théoriciennes à avoir tenté de définir le queer dans les années 90. En France, dans les années 2000, ce sont Paul Preciado, Pierre Zoberman et Sam Bourcier qui en ont été de grands porte-paroles. Au Québec, silence radio – il n’y a pas de théoricien(ne)s qui se sont réellement prononcé(e)s sur le sujet dans des ouvrages théoriques publiés. On retrouve en revanche une série d’ouvrages romanesques intéressants qui pourraient éventuellement servir à construire une anthologie littéraire. Le « problème québécois » est, à mon sens, fortement relié au manque de support dans lequel le queer pourrait ancrer son inscription matérielle. Bien que cette inscription soit elle aussi assujettie à la primauté du langage, le fait que le livre possède une unité, une frontière matérielle17 agit comme instance de légitimité, ce qui donne une impression de concrétisation ou qui, du moins, rend plus tangible le processus de compréhension. En dehors du support livresque, les autres médias comme supports de l’inscription queer doivent d’ailleurs être envisagés. L’utilisation de la plateforme numérique est même tout à fait souhaitable puisqu’elle offre un accès immédiat et qu’elle évite de nous faire déplacer pour avoir accès aux ouvrages, cela va sans dire. Il me semble que ce manque d’inscription matérielle, quoique cette dernière soit toujours susceptible d’être dénaturée par l’effort institutionnel de « littérarisation18 », contribue fortement à la résistance sociale entourant le queer. Archibald cite d’ailleurs François Rastier sur la nécessité à l’ère numérique que le texte parvienne à dépasser le support livresque au profit d’une inclusion plus générale des littératures orale et numérique, pour transcender la traditionnelle opposition entre texte et discours.19 En résumé, le « problème québécois » de la reconnaissance de la théorie et de la communauté queer se décline en cinq principales facettes :

  1. Le queer n’a pas (ou peu) de terminologie claire, comme je le mentionnais plus haut ;
  2. L’application d’un langage neutre et non-binaire s’enracine difficilement en français, il y a un décalage avec l’anglais ;
  3. Le manque d’ouvrages québécois portant sur la communauté queer locale et son historique crée un retard par rapport aux États-Unis et à la France ;
  4. Il y a une carence d’inscription du queer sur des supports matériaux et numériques en général ;
  5. Une certaine désinformation et de la confusion occurrent en rapport avec une mauvaise vulgarisation en dehors des cercles universitaires et LGBTQ+.

La réception du queer dans les médias québécois

Un des seuls articles disponibles sur le Web qui s’intéresse à la situation du queer au Québec, hormis quelques textes d’opinion journalistiques brefs, est un texte de Bruno Laprade intitulé Queer in Québec : étude de la réception du mouvement queer dans les journaux québécois. Il se donne comme objectif de brosser un portrait du queer dans les médias québécois, particulièrement entre 2010 et 2012, en relatant, par exemple, le nombre d’occurrences du terme survenues depuis son apparition :

« De 1990 à 2012, les trois principaux quotidiens francophones (La Presse, Le Devoir et Le Journal de Montréal) ne publieront que 197 articles contenant le terme. En comparaison, ‘‘gai’’ y sera utilisé 5129 fois. Des insultes québécoises comme ‘‘tapette’’ et ‘‘fif’’ seront plus souvent citées (349 fois pour le premier, 242 fois pour l’autre)20 ».

Conséquemment, il relève que le terme queer est majoritairement utilisé comme un synonyme de gai ou de LGBT, plutôt que comme un mot désignant distinctement la communauté queer. Il est aussi important de noter que la très faible utilisation du terme dans le journal anglais The Gazette (et dans les autres quotidiens mentionnés) montre que queer n’a pas été entériné par le milieu journalistique québécois, puisqu’il reste presque exclusivement au même niveau politiquement incorrect que l’insulte « faggot » en anglais.

Au niveau stylistique, une des seules connotations positives que l’on retrouve dans les médias est lorsque le terme est associé à la contre-culture artistique ou quand il est utilisé dans une énumération visant à montrer le sens du propos (donc, encore une fois, en tant que synonyme), par exemple : « des lieux alternatifs, féministes, queer dans le Mile-End » (La Presse, 12 septembre 2012). Sinon, le mot « queer » est surtout utilisé pour décrire la transsexualité. En somme, Laprade retrace uniquement trois articles entre 2010 et 2012 qui parlent du queer comme une « figure de dépassement identitaire », mais qui le font de façon un peu boiteuse. Lors de mes recherches (en 2018-2019, donc avec un décalage de 6 ans), j’ai pu constater que les propos tenus dans la presse n’avaient effectivement pas beaucoup évolué, à une ou deux exceptions près. Là où l’utilisation du terme se distingue légèrement du reste, c’est justement en tant que qualificatif identitaire dans les magazines gais où l’opposition entre queer et LGBT est plus distincte par son « rejet de l’étiquette » et sa « valeur générationnelle21 ». C’est par contre une fois de plus associé à la jeunesse québécoise davantage qu’à un autre groupe d’âge. La conclusion de Laprade est que dans plusieurs cas le queer serait considéré comme un courant intellectuel ou académique plutôt qu’un courant identitaire, ce qui est contradictoire dans la mesure où les théoricien(ne)s du queer - donc les intellectuels, ne sont pratiquement jamais abordé(e)s dans les médias québécois.

À la lumière de cette étude de Bruno Laprade, peut-on vraiment considérer que le queer est vraiment représenté dans les médias québécois ? Il fait l’objet de tellement de confusion sur le plan sémantique que son existence pourrait effectivement être contestable aux yeux de quelqu’un qui n’aurait pas lu ou survolé un ouvrage d’un(e) des théoricien(ne)s cité(e)s plus haut. Une recherche sur Google avec les mots « queer », « Québec » et leurs dérivés mènera d’ailleurs au même aboutissement : la redirection systématique vers des portails LGBT où le queer est largement sous-représenté.

La nécessité d’être écrit

J’affirmais plus tôt que le queer manquait de supports pour y mettre son inscription matérielle. Je dirais que ce n’est pas tant le type de support qui importe, mais que c’est plutôt la visibilité de celui-ci. J’aurais pu parler par exemple des séries télé et des films, des bars underground ou du concours Queer Of The Year. Ce sont effectivement tous des supports d’inscription, des espaces queer. Le sociologue québécois Pierre Lévy croit d’ailleurs que « le texte, quelle que soit sa durée et son système de codage, nécessite une surface d’inscription ou un volume de sculpture. On ne peut enregistrer ailleurs que dans l’espace […]22 ». Or, les supports que je viens d’énumérer ne sont surement pas ceux qui vous ont révélé le queer pour la première fois. Auriez-vous su que vous étiez en train de regarder un film queer de toute façon ? Ces modes d’expression et de diffusion ont, jusqu’à présent, échoué. Échoué à faire comprendre le queer et échoué à le faire accepter au sein de la société québécoise. Le queer peut-il réussir là où le langage échoue ? Les trente dernières années portent à croire que non, mais seul le temps nous le dira. En ce sens, ce sont le support papier livresque et le support médiatique de la presse qui possèdent la meilleure efficacité et la plus large diffusion pour essayer d’y parvenir – quoique que les articles journalistiques aient fait plus de tort que de bien jusqu’à aujourd’hui. Mais, comme je l’ai mentionné à maintes reprises, nous n’avons pas d’ouvrages théoriques sur la communauté queer au Québec ! C’est donc pourquoi l’inscription matérielle du queer dans une écriture se pose comme indispensable ; le queer a fondamentalement besoin d’être écrit pour exister au Québec.

Conclusion

Finalement, le queer, cet enfant affranchi du mouvement LGBT né dans le sillage des différentes révolutions sexuelles, créateur d’un discours identitaire que je qualifierais de « post-(a)normal », devra lui aussi se soumettre à l’institution du langage s’il veut réussir à se disséminer. Ce sera du moins sa seule façon, tant que le langage sera roi, de bénéficier de la reconnaissance de la société québécoise. Puisque les autres médias ne lui ont, jusqu’à présent, pas donné assez de visibilité et que la presse journalistique n’a réussi qu’à semer la confusion autour de lui, il faudra que le queer arrive à ancrer son inscription matérielle dans une écriture théorique, livresque, pour qu’il puisse enfin exister. J’ai tout de même l’espérance qu’un jour, peut-être, le queer parvienne à engendrer son propre support, comme il a réussi à se créer une identité, et que la légitimité de son existence ne soit plus tributaire de la primauté du langage.

Bibliographie

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  1. Les différentes définitions du queer ont été trouvées dans le Collins English Dictionary - Complete & Unabridged 2012 Digital Edition (En ligne).↩︎

  2. REJAQ, Mémoire déposé à la Consultation publique sur la Stratégie d’action jeunesse 2005-2008 du Gouvernement du Québec, 2005 (En ligne).↩︎

  3. Laprade, Bruno, « Queer in Québec : étude de la réception du mouvement queer dans les journaux québécois », Cygne noir, n° 2, 2014 (En ligne).↩︎

  4. Hynynen, Andrea, « Le chercheur queer et le roman historique : quelques défis de Marguerite Yourcenar », Itinéraires, n° 2011, 2011 (En ligne).↩︎

  5. Bourcier, Sam, Queer zones: politique des identités sexuelles et des savoirs, Volume 1, Paris, Éditions Amsterdam, 2006, p. 152.↩︎

  6. Halperin, David M., « The Normalization of Queer Theory », Journal of Homosexuality, vol. 4, n° 5, 2003, p. 339.↩︎

  7. Lucey, Michael, Les ratés de la famille. Balzac et les formes sociales de la sexualité, Paris, Fayard, 2008 [2003], p. 304.↩︎

  8. Schehr, Lawrence, « Filiation queer ? », Rue Descartes, n° 40, 2003, p. 19.↩︎

  9. Preciado, Paul, « Multitudes queer. Notes pour une politique des ‘‘anormaux’’ », Multitudes, vol. 2, n° 12, 2003, p. 20.↩︎

  10. Ibid.↩︎

  11. Ibid., p. 21.↩︎

  12. Ibid., p. 24.↩︎

  13. Dyens, Ollivier, Enfanter l’inhumain : Le refus du vivant, Triptyque, Montréal, 2012, p. 32.↩︎

  14. Ibid., p. 33.↩︎

  15. Archibald, Samuel, Le texte et la technique : la lecture à l’heure des nouveaux médias, thèse de doctorat, Université du Québec à Montréal, Montréal, 2008, p. 29.↩︎

  16. Ibid.↩︎

  17. Ibid., p. 42-43.↩︎

  18. Ibid., p. 30.↩︎

  19. Ibid., p. 53.↩︎

  20. Laprade, Bruno, op. cit.↩︎

  21. Ibid.↩︎

  22. Lévy, Pierre, « Être et mémoire », Sens Public, 15 avril 2019 (En ligne).↩︎