Les Presses de l’Université de Montréal et le Libre accès _ draft 1.0

Département des littératures de langue française
2104-3272
Sens public 2020/03/30

Rapport réalisé par le Centre de recherche interuniversitaire sur les humanités numériques sous la supervision de Marcello Vitali-Rosati avec la contribution de Thomas Van Huyn-Marsot, François Maltais-Tremblay, Enrico Agostini-Marchese, Antoine Fauchié, Margot Mellet.

1. Contexte théorique et économique du libre accès dans le monde scientifique

1.1. Les voies traditionnelles de l’édition scientifique

Élément fondamental pour le développement du savoir et des communautés des chercheures, la diffusion et le partage des connaissances, la manière dont la publication savante — axée principalement sur deux formats : la monographie et l’article — se structure a un impact considérable non seulement sur les divers processus d’évaluation, de promotion et de financement qui encadrent le champ de la recherche scientifique — où le facteur d’impact et le nombre de citations des publications sont alors déterminants — mais également sur le transfert des connaissances du milieu académique à un milieu plus large, celui du grand public et de la société entière.

Traditionnellement, le modèle de publication dominant qui régit le fonctionnement de la communication savante est celui du « lecteur-payeur », c’est-à-dire un système où l’accès aux résultats de la recherche est soumis au principe de l’achat des monographies ou de l’abonnement payant aux revues scientifiques. En regroupant ces dernières sous des vastes ensembles (les bouquets), ces offres d’abonnement, gérées par une poignée de grands éditeurs commerciaux (Elsevier, Wiley-Blackwell, Springer, Taylor & Francis, l’American Chemical Society pour les Sciences dites dures, et Sage Publications pour les Sciences humaines), ont vu une augmentation considérable de leurs revenus avec l’ère numérique. Alors que les frais de production et de publication des revues assumés par ces éditeurs ont diminué grâce aux possibilités offertes par les nouvelles technologies, l’augmentation des prix d’abonnement dérivant de la concentration de l’offre aux mains de grands éditeurs commerciaux a affecté de façon conséquente les budgets d’acquisition des bibliothèques universitaires, attestant ainsi des déséquilibres qui informent l’écosystème éditorial. Cette situation précaire exerce une pression considérable sur les institutions publiques, forcées d’envisager les désabonnements afin de préserver un certain équilibre dans leurs prestations de services à la communauté de chercheures.

Cependant, le développement d’Internet et des environnements numériques, exploité par les éditeurs commerciaux pour augmenter leurs revenus, a également permis l’ouverture de nouvelles perspectives pour la diffusion de la recherche, notamment le choix du libre accès.

1.2. Le libre accès dans la pratique

Profitant d’une réduction des coûts de production des articles et d’une rapidité majeure dans leur publication, le mouvement de l’accès ouvert ou libre accès (open access en anglais) a largement favorisé dans ce contexte l’accessibilité à la recherche scientifique par la mise en ligne de contenus numériques et, par conséquent, par la diffusion. Ainsi, à la voie de l’édition traditionnelle, dite « classique » s’ajoutent désormais avec le libre accès la « voie verte » et la « voie dorée ». La distinction entre ces deux grands types de contributions en libre accès s’opère selon que l’accès est rendu possible par une archive ouverte (green open access ou voie verte) ou par une revue ou monographie ouverte (gold open access ou voie dorée). Voie verte et voie dorée se distinguent donc selon leur mode de diffusion. Les archives ouvertes, qui sont « des collections ou des bases de données d’articles disponibles en ligne1 », reposent sur l’auto-archivage (« self-archiving ») ou le dépôt par l’auteur de ses articles ou de ses résultats de recherche. Ces dépôts en ligne, ouverts par défaut, hébergent le plus souvent une variété de documents scientifiques (mémoires, thèses ou versions en prépublication de contributions validées par les pairs) en leur attribuant des URL permanentes. À la différence de la voie verte, la voie dorée concerne les articles ou les monographies diffusés directement en accès libre - financés par les auteures ou par une autre instance. Il importe de souligner qu’un des avantages de la voie dorée est de procurer l’accès ouvert à la version publiée, c’est-à-dire à cette plus-value produite par le travail de révision et de préparation éditoriales. Bien que voie verte et voie dorée soient complémentaires, selon Peter Suber (directeur du Harvard Open Access Project), la voie dorée procure aux chercheures une véritable liberté, soit « le fait de ne pas devoir demander [d’]autorisations », « ’absence de délai ou d’embargo sur la publication des articles », en plus de ne pas « contribuer à ponctionner encore davantage le budget des bibliothèques2 ». En étant « à la fois gratuit[e] et exempt[e] de certaines restrictions en termes de droit d’auteur et de licence d’utilisation3 », la voie dorée occupe un rôle primordial dans la communication des activités de recherche.

La voie dorée occupe un rôle primordial dans la communication des activités de recherche, non seulement dans le milieu universitaire, mais aussi et surtout en vue d’un transfert de connaissances vers le grand public. En effet, la concentration de la production savante entre les mains des éditeurs commerciaux — dont le but premier n’est pas l’accessibilité des publications, mais leur rentabilité financière — fait de sorte que les coûts actuels par article, par revue ou par bouquet de revues deviennent de plus en plus élévés et, de fait, insoutenables pour certaines institutions universitaires dotées de moins de ressources économiques : en 2016, l’Université de Montréal a ainsi renoncé à renouveler l’abonnement de 2 116 revues à Springer nature pour ne concerver que 150 revues. Si cela a un impact néfaste pour les chercheures universitaires qui ne peuvent pas avoir accès aux travaux les plus récents — contravenant quelque peu à l’esprit de partage du savoir qui est à la base même de la recherche scientifique —, les rétombées pour les chercheures indépendantes et pour le grand public sont encore plus lourdes. Ainsi, l’accès ouvert aux plus récentes publications, notamment dans la modalité de la voie dorée, représente une ressource fondamentale dans la diffusion des résultats de recherche dans la communauté scientifique mais aussi dans l’ouverture du savoir à une communauté plus large que celle des chercheures universitaires.

1.3. Le cas des monographies savantes

L’écosystème de l’édition de monographies savantes est ainsi traversé par des enjeux liés aux incidences économiques d’une transition vers le libre accès. Cependant, tout indique que, par la coordination des différents acteurs impliqués dans l’édition savante et par les soutiens financiers nécessaires à cette transition, se mettront en place des dispositifs et des politiques d’accès libre pour les monographies. Comme l’indique Roger Kain, professeur en humanités à la School of Advanced Study et membre du Groupe de travail Universities UK sur les monographies et le libre accès :

Les monographies sont des œuvres complexes, longitudinales, qui représentent des années d’activité scientifique ; elles sont particulièrement importantes en ce qui a trait à la communication de l’excellence de la recherche dans les arts, les humanités et les sciences sociales. Toute politique de libre accès devrait soutenir, et non compromettre, l’excellence en recherche.4

Alors que le champ des STEM (Science, Technology, Engineering & Math) se développe autour des articles, c’est la publication de monographies qui articule la recherche en Sciences humaines (SH) : « Articles incrementally expand knowledge. Chapters in collected works explore nascent questions, experimentally addressing tricky problems. Monographs allow scholars space in which to expand their ideas, establish their reputation in a topic, and deliberate at length and in depth.5 » Dans ce contexte, il est possible de repérer certaines initiatives concernant la diffusion et la promotion de la monographie savante en libre accès dans le champ des SH et des Humanités.

L’Open Access Publishing in European Networks (OAPEN), un organisme à but non lucratif basé en Nouvelle-Zélande dédié au libre accès et spécifiquement aux monographies révisées par les pairs, travaille de concert avec les éditeurs à construire des collections de monographies en accès libre. Le contrôle de la qualité, la diffusion et la conservation pérenne sont au cœur de la mission de l’OAPEN.6 Le répertoire de monographies en accès libre, le Directory of Open Access Books (DOAB), produit par l’OAPEN en collaboration avec OpenEdition Journals, le CNRS et l’Université d’Aix-Marseille, répertorie ainsi, au terme du premier trimestre 2020, environ 27 500 monographies scientifiques7.

Certains projets de diffusion en accès libre ont également vu le jour dans le monde, tels le Knowledge Unlatched8 qui se consacre à mettre en place un marché durable pour l’édition scientifique et contribue au développement des infrastructures open access. Le projet TOME, Toward an Open Monograph Ecosystem9, a été lancé en 2017 sous l’égide de l’Association of American Universities (AAU), l’Association of Research Libraries (ARL) et l’Association of University Presses (AUPresses) ; il regroupe, autour d’une vision holistique de la recherche, la communauté des chercheures, les universités, les bibliothèques et les presses universitaires. Le Public Knowledge Project10 (PKP) quant à lui figure parmi les exemples de modèle coopératif fonctionnant grâce à des subventions et des dons ; fondé en 1998 à l’University of British Columbia, PKP développe des logiciels open source de gestion en édition savante, parmi lesquels se trouve Open Monograph Press dédié à l’édition de monographies.

Certains éditeurs universitaires canadiens, tels que Athabasca University Press, University of Calgary Press, les Presses de l’Université d’Ottawa et les Presses de l’Université de Montréal (PUM), se sont également engagé dans la publication en libre accès d’une partie ou de la totalité de leurs ouvrages. Les PUM, en initiant un projet pilote en libre accès dès 2014, ont ainsi pris les devants sur cette question, en tenant compte de la spécificité de la monographie savante. Il s’agit dès lors de composer avec les différences d’échelle (tant d’impacts que de coûts) qu’implique la monographie par rapport à l’article, car comme le souligne un rapport de Digital Science : « […] some forms of research output have impact over different timescales, and at different rates. Monographs take considerably longer to author, […] than research articles ; they are larger scale pieces of work. It is not unsurprising, therefore, that their impact – both through citations, downloads and broader impact / altmetric activity should take place over a longer timeframe, and potentially at a more sustained rate.11 »

2. Le libre accès dans la production des PUM

Les PUM ont développé deux collections d’ouvrages publiés en accès ouvert : « Libre accès » (37 titres) et « Parcours numériques » (10 titres). L’ensemble des titres en libre accès de ce projet pilote, conduit en collaboration avec la Direction des bibliothèques de l’Université de Montréal, sont régis selon la licence OpenEdition pour les livres disponibles sur la plateforme d’OpenEdition et sous la licence CC BY NC pour les ouvrages de la Parcours numériques12, c’est-à-dire partageables dans tous les contextes, sans limitation. Aisément téléchargeables sur le site des PUM, ces monographies sont accessibles gratuitement aux formats PDF et E-Pub, des formats homothétiques qui correspondent en tout point à l’édition papier, en plus d’être disponibles à la vente en format papier. Par ailleurs, avec sa collection « Parcours numériques », les PUM innovent avec la mise à disposition de contenus numériques enrichis sur une interface dédiée.13 En accès libre sur le site, les livres de la collection Parcours numériques, qui développent une réflexion théorique approfondie et savante sur le monde numérique, sont conçus avec le soutien de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques ainsi que du Centre de recherche interuniversitaire sur les humanités numériques (CRIHN), tous deux basés à l’Université de Montréal. Les versions augmentées de cette plateforme interactive offrent une expérience de lecture où sont mobilisées des possibilités nouvelles que ne permettent pas les formats numériques homothétiques. La mise à la disposition des lecteurs d’un ensemble riche et cohérent d’informations et de liens (notes et contenus additionnels, bibliographies et vidéos, etc.) engage à un « parcours » renouvelé et approfondi des textes en accès libre, où les lecteurs tracent leurs propres trajectoires, leurs propres réseaux de connaissances, et ce, en explorant de nouvelles formes d’éditorialisation rendues possibles par une libre circulation des contenus.

La collection est basée sur l’idée qu’il y a une complémentarité entre l’édition papier et l’édition numérique : ces deux formes de publication présupposent des approches de lecture différentes et des réceptions additionnelles des contenus.

Le livre papier permet une lecture linéaire. Une hypothèse de recherche peut y être présentée et argumentée de façon complexe. Le lecteur peut suivre de manière linéaire le développement de l’argumentation, de faire un cheminement avec l’auteur en se laissant accompagner d’un bout à l’autre du discours. L’édition numérique augmentée, en revanche, présuppose une lecture non linéaire, qui procède par approfondissement et par rebonds successifs dans et hors du livre.

3. Rapport statistique sur les consultations moyennes de livres de l’Université de Montréal et de sa collection Parcours numériques

3.1. Présentation de la structure

Ce rapport statistique rassemble les données de consultation moyennes des livres des PUM disponibles à la fois sur la plateforme de diffusion OpenEdition (OE) et sur le site de la collection Parcours numériques (PN). Les données provenant à la fois d’OpenEdition et du site de la collection PN sont complémentaires et permettent de dresser un portrait des consultations des ouvrages dans une démarche de libre accès.

Ce rapport statistique se divise trois parties :

  1. Une vision globale des PUM sur OpenEdition.
  2. Une vision globale des titres de la collection PN sur son site web dédié.
  3. Une mise en relation des données des PUM et de PN.

(Les sigles seront préconisés pour alléger le texte.)

3.2. Corpus des PUM en libre accès

Dans un premier temps, il est important de mettre au clair ce sur quoi les analyses qui suivent se basent, c’est-à-dire l’objet d’étude ainsi que les plateformes qui les hébergent.

Les deux plateformes sont OpenEdition, qui diffusent les livres des PUM, et la collection PN qui dispose d’un site web dédié. La collection PN fait partie du catalogue des PUM, mais possède également sa propre plateforme pour proposer une interface de lecture spécifique. En effet les livres qu’elle propose en ligne sont disponibles sous forme d’éditions enrichies (vidéos, liens vers des ressources en ligne, bibliographies sur Zotero, etc.).

Voici le détail des livres concernés :

  • 269 livres des PUM sont consultables en ligne et téléchargeables sur la plateforme d’OE ;
  • 63 des 269 livres des PUM sont disponibles sur OE au téléchargement, aux formats PDF et EPUB ;
  • 10 livres de la collection PN sont consultables en ligne au format enrichi sur www.parcoursnumeriques-pum.ca. Parmi les 10 livres de la collection : 9 sont également intégrés sur le site web d’OE et peuvent être consultés à partir de cette plateforme ; 8 offrent gratuitement la version augmentée en html en ligne et les versions homothétiques (pdf, epud) sont payantes ; et 2, grâce au financement de la Bibliothèque des lettres et sciences humaines de l’Université de Montréal, offrent également des éditions homothétiques gratuitement.

Il faut noter que 9 titres sont donc à la fois disponibles sur OpenEdition et sur le site web dédié à la collection de PN. Ces titres seront utiles pour mettre en relation les usages sur ces deux plateformes distinctes.

3.3. Impact du libre accès

Nous considérons 5 chiffres clés comme pouvant résumer ce rapport statistique. Ils seront mis en lumière dans les lignes subséquentes.

  1. 15 minutes : temps moyen d’un utilisateur passé sur chaque livre/page consulté sur le site web de PN.

  2. 84% : proportion des utilisateurs qui visitent le site web de PN proviennent de la Francophonie.

  3. 2 608 988 : nombre total de consultations moyennes et de téléchargements sur la plateforme d’OE, de 2014 à 2019, sur les 269 livres édités par les PUM.

  4. 277 % : augmentation du nombre de consultations moyennes et de téléchargements des livres édités par les PUM sur la plateforme d’OE de l’année 2018 à l’année 2019.

  5. 732 : consultations uniques des pages de téléchargements pour la collection des PUM en libre accès (37 ouvrages).

(Tous les chiffres sont arrondis à l’unité près.)

3.4. Les PUM sur OpenEdition

Les PUM sont présentes sur OpenEdition depuis 2014, tout d’abord avec une poignée de titres, puis à partir de 2017 en dépassant la centaine jusqu’à atteindre 269 titres en 2019.

3.4.1. Nombre de téléchargements et de consultations des ouvrages

  1. Sur un total de 63 livres édités par les PUM et pouvant être téléchargés dans leur entièreté, nous dénombrons un total de 65 605 téléchargements en format PDF et EPUB, de 2014 à 2019.

  2. Sur un total de 269 livres édités par les PUM pouvant être consultés en ligne, nous dénombrons un total de 2 608 988 consultations moyennes en ligne, de 2014 à 2019, sur le site web d’OE. Il s’agit des consultations des chapitres des livres, et non des livres eux-mêmes.

  3. En moyenne, nous dénombrons 1 041 téléchargements uniques par livre édité aux PUM, disponible sur le site d’OE, de 2014 à 2019.

  4. En moyenne, nous dénombrons 9 699 consultations moyenne en ligne par livre édité aux PUM, disponible sur le site d’OE, de 2014 à 2019.

À la vue de ces données, nous pouvons noter qu’il y a davantage de livres disponibles à la consultation en ligne qu’au téléchargement aux formats PDF et EPUB. Nous notons également que, proportionnellement, les usages se tournent davantage vers la consultation en ligne.

3.4.2. Les médianes des téléchargements et des consultations des livres édités par les PUM, disponibles sur le site web d’OE

  1. Il est intéressant de constater que la moitié des 63 livres est téléchargée plus de 36 fois, tandis que l’autre moitié des 63 livres est téléchargée moins de 36 fois. En comparant la médiane, qui est de 36, et la moyenne des téléchargements uniques des livres édités aux PUM, disponibles sur le site d’OE, qui est de 1 041, nous pouvons en déduire qu’il ya une une petite proportion de livres très téléchargés et une très grande proportion de livres peu téléchargés.

  2. De même, il est intéressant de noter que la moitié des 269 livres disponibles sur les PUM sont consultés en ligne plus de 4 535 fois, tandis que l’autre moitié des 269 livres est consultée en ligne moins de 4535 fois. Dans le même ordre d’idée, en comparant la médiane, qui est de 4 535, et la moyenne de consultations en ligne des livres édités aux PUM, disponibles sur le site d’OE, qui est de 9 699, nous pouvons en déduire qu’il y a une petite proportion de livres très consultés et une plus grande proportion de livres moins consultés.

3.4.3. Totaux de consultations et téléchargements des PUM sur OpenEdition

Nombre total de consultations et téléchargements sur Open Edition (chiffres cumulés par chapitre et par livre)
Nombre total de consultations et de téléchargements sur Open Edition en 2018 et en 2019 (chiffres cumulés par chapitre et par livre)

Nous constatons, à la vue de ce diagramme, plusieurs chiffres importants : plus de 1 800 000 consultations et téléchargements cumulés en 2019 (près de 2 500 000 sur 2018 et 2019) ; une augmentation de 277 % du nombre de consultations, incluant les téléchargements, de 2018 à 2019 sur les titres édités par les PUM, disponibles sur la plateforme OE. Il est également important de préciser que le nombre de titres offerts par les PUM a peu évolué entre 2018 et 2019, passant de 264 à 269 titres. Nous en concluons donc une importante progression des usages, qui n’est pas à négliger.

3.5. Vision globale de Parcours numériques

3.5.1. Chiffres globaux

  1. 192 156 consultations moyennes des chapitres pour les 10 livres de PN sur le site web dédié à la collection, de 2014 à 2019. Il s’agit des consultations des chapitres des livres, et non des livres eux-mêmes, comme sur la plateforme OpenEdition.

  2. 19 125 consultations en moyenne des chapitres par livre sur le site web de PN.

  3. Le site web PN compte 88 084 visiteurs uniques, toujours sur la période s’étalant de 2014 à 2019, ce qui représente une moyenne d’environ 14 700 visiteurs uniques par an.

  4. Chaque visite dure en moyenne 1 minute et 34 secondes sur le site web de PN, chiffre à nuancer, puisque certains livres ou certains chapitres sont consultés plus de 5 minutes et d’autres moins de 1 minute.

3.5.2. Origine géographique des visiteurs de Parcours numériques et leur langue respective

Voici les onze pays ayant le plus consulté le site web de la collection PN :

  1. France : 87 382
  2. Canada : 55 173
  3. États-Unis : 4 800
  4. Maroc : 3 874
  5. Russie : 3 569
  6. Tunisie : 2 629
  7. Belgique : 3 129
  8. Suisse : 3 266
  9. Algérie : 2 055
  10. Cameroun : 1 714
  11. Côte d’Ivoire : 1 584
  12. Autres pays : 22 981

Il est important de constater qu’une forte majorité des visiteurs du site web de la collection PN provient de la francophonie. En effet, 84 % des consultations liées au site web de la collection PN proviennent de pays francophones. En tête de liste nous retrouvons la France, suivie par le Canada, avec ensuite des pays comme le Maroc, la Tunisie, la Belgique, l’Algérie, le Cameroune et la Côte d’Ivoire qui grâce au libre accès, ont à disposition des contenus qui seraient autrement inaccessibles. Nous en déduisons que la collection PN, dans le contexte d’une diffusion d’ouvrages universitaires en libre accès, se positionne en tant acteur de premier plan au sein des PUM. Il s’agit d’un atout important pour la visibilité et le rayonnement culturels de cette maison d’édition universitaire.

Répartition des consultations par pays

3.5.3. Consultations sur l’ensemble des titres de 2014 à 2019

Nombre de consultations par titre

3.5.4. Temps moyen passé par un utilisateur sur un livre disponible sur le site de la collection Parcours numériques

Le temps moyen passé par un utilisateur sur le site de PN est de 1 minute et 34 secondes. Il s’agit du temps moyen passé sur un chapitre de livre. En extrapolant, nous pouvons dès lors évaluer le temps moyen passé sur chaque livre à 15 minutes.

Voici les chapitres les plus consultés de la collection PN :

  1. En moyenne, Pour une définition du numérique du livre Pratiques de l’édition numérique a été consulté 5 minutes et 40 secondes.
  2. En moyenne, la préface du livre Âme et Ipad a été consultée 5 minutes.
  3. En moyenne, Technophobie pour adolescentes du livre Adophobie a été consulté 4 minutes et 35 secondes.
  4. En moyenne, Les formats du livre Pratiques de l’édition numérique a été consulté 4 minutes et 30.
  5. En moyenne, Les succès littéraires grâce au web du livre Tous artistes ! a été consulté 4 minutes et 21 secondes.
Temps moyen cumulé pour chaque livre sur le site Parcours numériques

Concernant le temps moyen de chaque visite, il est important de noter que ces temps sont plus longs comparés à des temps de visite sur des sites web de contenus classiques (presse en ligne, plateformes de blogue et réseaux sociaux, par exemple). Nous pouvons en déduire que les lecteurs viennent consulter les chapitres des livres et restent sur le site pour une lecture moyenne de 1 minute et 34 secondes par chapitre, et un temps moyen cumulé de 15 minutes par livre.

Nous pouvons donc conclure que les utilisateurs privilégient un accès au contenu des livres et ne se limitent pas à la présentation de ceux-ci. En d’autres termes, les utilisateurs privilégient l’accès direct aux livres (texte intégral) grâce à leur disponibilité en ligne, plutôt que leur seule présentation (fiche bibliographique et résumé). Nous pouvons dès lors faire l’hypothèse qu’en proposant des textes en ligne sous forme d’éditions enrichies, la collection PN à contribuer à ce succès. Par texte enrichi, nous entendons l’ajout au texte en ligne sur le site web de PN de vidéos, de bibliographies associées à Zotero, ainsi que de liens dirigeant l’utilisateur vers de nombreuses sources uniquement disponibles en ligne.

3.6. Mise en relation des données issues d’OpenEdition et de Parcours numériques

3.6.1. Comparaison du nombre de consultations entre OpenEdition et Parcours numériques

  1. Le nombre moyen de consultations par livre de la collection PN sur son site web est de 15 237, de 2014 à 2019.

  2. Le nombre moyen de consultations par livre de la collection PN sur le site web d’OE est de 4 775, de 2014 à 2019.

3.6.2. Synthèse du nombre de consultations des livres disponibles en ligne sur les sites de Parcours numériques et d’OpenEdition

Diffusion 2014 2015 2016 2017 2018 2019
PN Nombre de titres 3 5 7 9 10 10
Nombre de consultations 29 597 30 345 30 282 38 883 32 267 30 422
Consultations par titre 9 866 6 069 4 326 4 320 3 263 3 042
OE Nombre de titres 13 23 27 37 264 269
Nombre de consultations 2 381 21 798 40 951 113 939 640 851 1 789 068
Consultations par titre 183 948 1 517 3 079 2 427 6 651

Il est important de préciser ici que le nombre de consultations moyennes sur PN est à la baisse, leur disponibilité commune sur OE peut expliquer ce phénomène. Au vu de ces résultats, la collection PN apparaît comme un vecteur de diffusion du libre accès au sein des PUM, il s’agit là d’un marqueur pour cette maison d’édition universitaire, et d’un outil qui lui a permis un rayonnement au sein de la francophonie.

3.7. Conclusion de l’analyse des statistiques

Nous pouvons ainsi affirmer que les pratiques de lecture en contexte numérique des ouvrages des PUM – sur la plateforme d’OpenEdition ainsi que sur le site dédié à sa collection PN – sont en hausse et ne cessent d’attirer davantage de lecteurs francophones à travers le monde. La collection PN est pionnière en matière de libre accès : elle a permis aux PUM d’attirer plus de 30 000 visiteurs chaque année, et ce, dès 2014. Cette présence en ligne a été et est encore aujourd’hui une occasion unique de mettre l’accent sur la disponibilité et l’accessibilité d’un contenu savant, tout en favorisant les échanges parmi la communauté universitaire mondiale et plus particulièrement parmi les chercheures de la francophonie.


  1. Peter Suber, « Les formes possibles », dans Qu’est-ce que l’accès ouvert? [en ligne]. Marseille : OpenEdition Press, 2016, p. 66 <DOI : 10.4000/books.oep.1609>.↩︎

  2. Ibid., p. 77.↩︎

  3. Ibid., p. 78.↩︎

  4. Association des presses universitaires canadiennes, « Déclaration sur le libre accès et le Programme d’auteures pour l’édition savante », op. cit.↩︎

  5. Sara Grimme, Cathy Holland, Peter Potter, Mike Taylor et Charles Watkinson, « The State of Open Monographs. An analysis of the Open Access monograph landscape and its integration into the digital scholarly network », Digital Science, juin 2019, p. 13. DOI: https://doi.org/10.6084/ m9.figshare.8197625↩︎

  6. http://www.oapen.org/home↩︎

  7. Directory of Open Access Books : https://www.doabooks.org/↩︎

  8. Knowledge Unlatched : https://www.knowledgeunlatched.org/↩︎

  9. TOME : https://www.openmonographs.org/↩︎

  10. Public Knowledge Project : https://pkp.sfu.ca/↩︎

  11. Sara Grimme, Cathy Holland, Peter Potter, Mike Taylor et Charles Watkinson, « The State of Open Monographs. An analysis of the Open Access monograph landscape and its integration into the digital scholarly network », op. cit., p. 16.↩︎

  12. https://www.openedition.org/6540↩︎

  13. http://www.parcoursnumeriques-pum.ca/↩︎