Quoilire.ca : expertise littéraire, ou mise en avant de la littérature québécoise?
Marie Pouzergue
Département des littératures de langue française
2104-3272
Sens public 2020/12/14

«The strange thing is that we tend to live our lives by heuristics, and try and control them by algorithms»1 nous dit Matthew Fuller dans Software Studies en citant Stafford Beer, cette citation est un bon point de départ pour envisager la plateforme Quoilire.ca ainsi que pour la définir. Quoilire.ca est une plateforme qui a vu le jour le 19 mai 2020, conséquence du confinement qui a amené à la fermeture des bibliothèques. L’Association des bibliothèques publiques du Québec (ABPQ) a lancé cette plateforme dont le principe est simple : fournir des recommandations littéraires. L’utilisateur doit répondre à un questionnaire. Les questions vont tenter de cerner le lecteur et de le catégoriser selon son âge, ses intérêts, ses lectures précédentes, etc. Les réponses sont transmises aux spécialistes des bibliothèques qui sous 3 jours renvoient une suggestion de 3 livres.

Cette plateforme a deux niveaux d’usagers, d’une part il y a l’utilisateur évident qui remplit le questionnaire, et qui cherche des recommandations littéraires mais de l’autre il y a aussi l’employer de bibliothèque qui utilise les réponses de la plateforme afin de fournir ses recommandations. Le but du formulaire et donc des lignes de code en arrière, est de fournir des informations au bibliothécaire, afin que ce dernier ait assez d’éléments pour fournir une suggestion. Les réponses sont conditionnées par le formulaire qui elles-mêmes conditionnent la réponse de l’employer. La plateforme implante donc un système de valeurs à deux niveaux simultanément chez l’utilisateur et chez l’employer de bibliothèque. La neutralité étant impossible à atteindre on pourra interroger les impacts de la plateforme sur la société, quel type de principe, de valeurs implante-t-elle? Que ce soit comme objectif premier ou comme idée sous-jacente impliquée par le code ou l’auteur du code, quelles sont les idées qui ressortent de cette plateforme?

Guillaume Sire défend une approche selon laquelle «un langage de programmation n’est pas forcément un objet susceptible de nous renseigner à propos du social mais qu’il peut aussi être la cause desdites dynamiques sociales»2. Bien qu’ici on ne parle pas de langage de programmation mais plutôt d’une plateforme, on peut s’interroger sur les impacts d’une telle plateforme. Quoilire.ca ne peut pas être responsable du besoin de recommandation de l’utilisateur puisque le site n’a même pas 1 an, mais on peut se demander si le concept même de la plateforme qui donne un accès facile et rapide à un expert, qui plus est de façon gratuite, est un frein à l’autonomie et l’émancipation de l’utilisateur. La littérature parait-elle trop compliquée pour qu’un lecteur trouve par lui-même des œuvres qui l’intéressent, ou la plateforme est-elle une façon de mettre de l’avant certaines œuvres? En l’occurrence on peut supposer que le projet tend plus à mettre de l’avant et à inciter la population à lire des œuvres québécoises par le biais d’une forme d’expertise (le courriel contenant les suggestions est signé par une employée de «Division de la culture, des bibliothèques et de l’expertise»). Dans une atmosphère où l’achat local est plus nécessaire que jamais, les initiatives allant dans ce sens se multiplient (tel Le panier bleu), il ne serait pas étonnant de constater, que Quoilire.ca fasse la promotion d’une lecture locale.

Première partie de la plateforme

Le formulaire

Le formulaire de requête personnalisé est assez simple, dans un premier temps il demande des informations à l’utilisateur concernant sa localisation géographique (région administrative, ville), ensuite il doit déterminer si la lecture s’adresse à un adulte ou à un enfant (dans le cas où la lecture s’adresse à un enfant, le formulaire devient plus familier -utilisation du tutoiement, formulation plus chaleureuse…-). Après, le but des questions semble être de cerner le type de lecture recherché (genre, thème, exemples de lectures précédentes, choses non appréciées), et la dernière vague de question est plus relative aux métadonnées des suggestions (provenance du livre, papier/numérique, langue, longueur de l’œuvre).

Le code source du formulaire

Les éléments du code pouvant nous donner des informations sur les valeurs communiquées dans ce dernier sont les questions posées à l’utilisateur, d’une part car elles sont dans un langage naturel donc elles peuvent être interprétées de plusieurs manières par l’utilisateur, d’autre part car elles témoignent des biais du programmeur: «many software programs constructed from the coding efforts of numerous developers, is fueled in large part by the energy of corporate and institutional motivation and writing practices influencing developers’ code styles, programming behaviors, and motives for participation.».3 Quelques questions sont intéressantes et méritent d’être analysées:

  • «Avez-vous une idée de ce que vous voulez lire?»

Cette question peut paraitre déroutante dans la mesure où l’utilisateur utilise la plateforme quand il ne sait justement pas quoi lire, manière que la plateforme se présente et comme son nom l’indique. Dans ce cas de figure, lorsque la plateforme suggère directement la réponse «je ne sais pas», elle devient l’option facile qui n’incite pas l’utilisateur à réfléchir, d’autant plus que ce dernier n’a même pas à écrire de réponse, il peut seulement cliquer sur le bouton et l’option se valide pour lui. C’est en effet cette forme d’usage que Kevin Brock incite à analyser :

At the same time, much of the rhetorical importance of a given code text, as with other forms of text, occurs as much in the sort of action and activity it induces as in the specific content of any individual text. […] we need to recognize how an argument proposes action, since that consideration informs and influences how an audience will engage the proposition. […] How user experiences are anticipated and facilitated, how data is calculated and transmitted, and how a program should be further developed are all types of engagement undertaken through arguments in code.4

L’aspect déroutant cumulé à la facilité du clic sur une option préfaite rend l’utilisateur enclin à choisir cette réponse et c’est ce que semble inciter le code à faire. L’option de facilité est valorisée et mise de l’avant.

  • «Dans quelle langue préfères-tu lire?» Réponses: «anglais» ou «français»

Dans un premier temps cette question semble, subjectivement, arriver assez tard dans le questionnaire, sachant que la langue conditionne les approches culturelles, les sujets et parfois même les thématiques. Les réponses proposées par la plateforme sont mutuellement exclusives, l’utilisateur peut choisir «anglais», «français» mais il ne peut pas choisir une autre langue ou bien les deux, c’est à dire se faire proposer une œuvre dans sa version originale et sa version traduite. Bien que cette problématique ne doive pas être très récurrente, voire inexistante, le fait de ne pas proposer des œuvres dans d’autres langues que le français ou l’anglais semble plus questionnable. D’une part plusieurs bibliothèques présentent des collections multilingues allant d’œuvres en espagnol, en italien, en latin, en grec et bien plus encore, la plateforme en un sens censure ces collections puisqu’elle ne laisse pas à l’utilisateur la possibilité de les demander. D’autre part, elle implante l’idée que seules les langues anglaise et française sont les langues de lecture valides, ou du moins que la plateforme ne prend en compte qu’une partie de sa population utilisant une de ces langues, on rappelle que 12% de la population québécoise est allophone, ne pouvant donc pas avoir accès à une recommandation dans sa langue d’intérêt, ou maternelle.
Afin de déterminer si la proposition de l’anglais ou du français était reliée à la bibliothèque sélectionnée, une deuxième simulation, fut réalisée en choisissant la BANQ, cette dernière ayant de grosses collections multilingues, une langue autre que le français ou l’anglais n’est toujours pas proposée. Le code source ne présentait pas dans tous les cas de boucle conditionnelle qui aurait changées les propositions de langue selon les bibliothèques. On pourrait cependant envisager que l’utilisateur revienne à la question «Avez-vous une idée de ce que vous voulez lire» pour le préciser.

  • «Cherchez-vous un livre papier ou numérique?»

Bien qu’importante pour des raisons de logistique, cette question à d’autres dimensions, et elle implante dans le même temps l’idée de ce sont deux littératures distinctes, pas seulement issue de médium différents, le «ou» témoigne d’une scission entre deux types de littératures. Si pour Marcello Vitali-Rosati «il y a une continuité dans les pratiques mais qu’il y a une rupture dans les processus d’institutionnalisation de ces pratiques»5, pour les utilisateurs de la plateforme l’avis n’est peut-être ni fait ni réfléchi, mais cette question en apparence purement fonctionnelle peut les amener à une réflexion plus importante. Une fois de plus la plateforme ne permet pas à l’utilisateur de choisir les deux options ou bien des options diverses (sur les trois livres proposés, deux pourraient être version papier et un numérique).

  • «Est-ce que la provenance du livre est importante?»

Les réponses possibles étant soit «oui, je veux un livre québécois» soit «non, je n’ai pas de préférence», ou encore «j’ai une autre idée en tête» (catégorie pour laquelle l’utilisateur devra écrire ladite idée). Le deux premières réponses préfaites étant mise en avant et plus facile d’utilisation. De nouveau la forme de la réponse anticipe et facilite le processus pour l’usager, ce dernier sera plus porté à dire qu’il est intéressé par une provenance québécoise. La question oriente évidemment l’utilisateur, s’il n’avait pas pensé à consommer du contenu local il y est incité. Si par contre il recherchait une œuvre d’une autre origine spécifique, il est invité à l’écrire lui-même. Bien que moins intuitif que de cliquer sur les réponses préconçues, l’utilisateur garde la liberté de sa préférence. À l’inverse de la question sur le choix de la langue, l’utilisateur peut suggérer une origine qui lui est chère, et ainsi consommer du contenu qui est issu d’un pays qu’il veut encourager, ou même à plus petite échelle d’un province canadienne spécifique ou d’une communauté autochtone.

  • «Dites-nous quels livres ou quels auteurs sont des coups de cœurs pour vous, et pourquoi. Si vous ne pensez à aucun livre, n’hésitez pas à nous indiquer quels sont vos séries et films favoris.»
  • «Demande du numéro de bibliothèque»

Ces deux questions fonctionnent ensemble puisqu’elles tentent de collecter des informations sur l’utilisateur, c’est d’ailleurs une des rares fois où une question ouverte est présente (sauf si l’usager veut des recommandations pour les biographies où il est obligé de dire de quoi il a envie), permettant à l’usager de donner beaucoup d’éléments que le bibliothécaire devra analyser. Cette question ouverte va inciter au dialogue là où auparavant, la forme et l’ordre définit des questions a créé un système d’entonnoir qui filtre les informations. Cet ordre de question ne fait pas que filtrer, dans le même temps il conditionne l’usager, en effet selon Estee Beck « Code that runs on a machine is performative in a much stronger sense than that attributed to language. […] code running in a digital computer causes changes in machine behavior and, through networked ports and other interfaces, may initiate other changes, all implemented in the transmission of code.»6. Le code par l’intermédiaire des questions, donc des interactions transmet à l’utilisateur son système de valeur: répondre par automatisme «je ne sais pas quoi lire», être incité à lire juste en anglais ou français, favoriser des lectures locales…

Généralement, les interactions ne permettent pas de dire ce que l’utilisateur recherche, le système propose presque systématiquement des réponses, ce qui facilite l’utilisation puisque l’utilisateur n’a pas beaucoup à réfléchir, mais encourage une forme de paresse, il se fait prémâcher sa réponse, dans le même temps l’utilisateur est contraint de répondre selon les propositions, ou de répondre des «surprenez-moi», ou «je veux tout explorer». C’est ce dont Kevin Brock parle lorsqu’il dit qu’il faut analyser : «How user experiences are anticipated and facilitated».7 En cherchant à faciliter de la sorte les réponses de l’usager, ce dernier ne répond plus par lui-même mais le logiciel répond à sa place. Cela nous ramène à l’idée de Guillaume Sire citée précédemment «un langage de programmation n’est pas forcément un objet susceptible de nous renseigner à propos du social mais qu’il peut aussi être la cause desdites dynamiques sociales»8. Dans une société où la population est stimulée par tout ce qui l’entoure mais qui dans le même temps à accès à tout, au point de devenir éternellement insatisfait, il est intéressant de rechercher certaines sources de ces constats. En ce sens, comme le présente Sire, un langage de programmation, ou ici une plateforme peut faire naître un manque de réflexion et une recherche de facilité qui en devient symptomatique. Ces interactions très limitées et ces réponses préfaites alimentent cette théorie.

Les recommandations de lectures

Le questionnaire a dans un premier temps été rempli en donnant le moins de contrainte possible, pas de thème choisi, pas de langue préférée, pas de provenance non plus, seulement trois œuvres comme exemple de littérature appréciée (Otage de Nina Bouraoui, Chanson douce de Leïla Slimani et la trilogie 1984 d’Éric Plamondon).

Les trois recommandations reçues sont les suivantes: Manikanetish de Naomi Fontaine, Le lièvre d’Amérique de Mireille Gagné et Quand il fait triste Bertha chante de Rodney Saint-Éloi. Il s’agit d’œuvres de trois écrivains québécois, dont l’un est d’origine haïtienne et une appartient à la nation innue. Tous trois sont publiées dans des maisons d’édition québécoises et écrivent en français. On remarquera une mise en avant des auteurs issus de minorités visibles, et une majorité de féminine, deux femmes pour un homme. Ces recommandations répondent aux requêtes du questionnaire et on peut remarquer une correspondance entre ces suggestions de lectures et les livres donnaient comme oeuvres préférés - Bouraoui, Slimani et Plamondon -, un duo de femmes, écrivant en français mais s’inscrivant dans le champ littéraire du Maghreb et un homme québécois. Les recommandations répondent à la diversité énoncée.

On notera que Manikanetish fait déjà partie des livres présents sur la deuxième partie de la plateforme, ce qui d’un côté met d’autant plus l’œuvre en valeur mais d’un autre rend l’interaction avec le formulaire inutile. Il y a une réelle promotion de la littérature québécoise et l’édition locale dans ces suggestions de lecture, comme on a déjà pu le remarquer dans l’orientation des questions.

Une seocnde tentative de suggestions a été réalisée, avec sensiblement les mêmes réponses au formulaire mais comme livres appréciés, deux étaient écrits en anglais, un en français et les trois étaient écrits par des hommes étrangers. Les recommandations étaient toutes francophones, une écrivaine française, une québécoise et un écrivain québécois.

Seconde partie de la plateforme

La seconde partie de la plateforme comprend des listes de suggestions de lecture, organisées par thèmes (ex: «Lectures pour voyager autrement», «Romans aux personnages féminins forts», «Roman autobiographiques», «Théâtre contemporain», etc). Cette liste de lecture est divisée en deux catégories, une intitulée «jeunesse», l’autre sans titre qu’on interprètera comme étant adulte. Le choix de ces thématiques est déterminant puisque comme Guillaume Sire l’énonce dans « Ce que coder veut dire : y a-t-il un langage de programmation ? » : «le code est un texte, une forme de texte, qui dit quelque chose et sert de base à des énoncés performatifs, c’est-à-dire à la fois à des énoncés capables de produire du réel et à des énoncés capables de changer, modifier, diminuer, amplifier ou travestir la réalité.».9 La liste des thèmes mise de l’avant par la plateforme est basée sur l’appréciation de la personne ayant codé la page, en effet les œuvres présentées sont appelées «suggestion» suivi d’un numéro dans le code source, le terme suggestion contient toute la subjectivité du choix, n’importe quelle œuvre peut se trouver en arrière de cette dénomination.

On peut se demander si les catégories sont représentatives des tendances de recherches sur les sites des bibliothèques, les ventes des libraires, les recherches internet ou si elles sont subjectivement imposées par le programme en collaboration ou non avec les bibliothécaires? Seules les sources des catégories «Séance de jumelage littéraire ado» et «Séance de jumelage littéraire adulte» sont citées, avec le nom des personnes qui les ont créées. Pour les autres catégories il n’en est rien, alors qu’un nom, ou même un appel à une bibliothèque aurait renforcé cette «image de marque» d’expert.

Au moins 50% des suggestions sont de la littérature québécoise, signalées par une petite fleur de lys. Ce qui est représentatif des succès en bibliothèque, en effet en 2019, on remarque qu’environ 40% des palmarès des livres les plus empruntés en bibliothèques étaient d’écrivain québécois.10 Les suggestions tentent donc de maintenir la tendance. Par contre si la catégorie jeunesse comprend une section littérature autochtone, on déplore que la section adulte n’ait ni section littérature autochtone (quelques ouvrages dans «Histoires campées dans le grand Nord» le sont), ni LGBTQ+, ni BIPOC, ni littérature anglophone, ou du moins québécoise anglophone. S’il est bien de maintenir certaines tendances, certains types de lectures devraient être mis de l’avant pour plus de représentation et d’équité, ce qui est réalisé dans les recommandations personnalisées.

Revenons à la présence de la fleur de lys, l’usage de cette image que l’on interprète comme étant une une lecture québécoise n’est jamais précisée comme telle. Par contre la vignette est appelée «icon-quebec» dans le code source. La plateforme s’appuie sur de la sémiologie pour que l’utilisateur interprète la provenance du livre, là où le code emploie un vocabulaire dit «naturel». John Cayley nous dit:

the code is not necessarily transparent or visible in human-readable language; because code has its own structures, vocabularies and syntaxes; because it functions, typically, without being observed, perhaps even as a representative of secret workings, interiority, hidden process; because there are divisions and distinctions between what the code is and does, and what the language of the interface text is and does.11

Il est intéressant de remarquer que dans ce cas précis, à l’inverse de ce qu’énoncé par Cayley, ce que le code est, est plus lisible que ce qu’il fait. Bien qu’il puisse sembler absurde qu’un usager québécois n’associe pas la fleur de lys à une production locale, le programmeur prend pour acquis que l’usager va déduire l’origine de l’œuvre par la présence du symbole, il implante donc ici ses propres valeurs. Afin que ces valeurs ne transparaissent pas et qu’il n’y ait pas de place pour la subjectivité, il aurait suffi d’une phrase d’accompagnement accolée à la fleur de lys: «œuvre québécoise». Là où Kevin Brock se question «how that logic is constructed so as to be expressed effectively to various human (and potentially nonhuman) audiences?»,12 dans ce cas si la logique employée dans ce code est claire mais le résultat s’applique seulement à un public un peu plus restreint. Elle nécessite certaines références pour être comprise. Il y a donc un public cible à ce programme. Ce qui peut nous amener à penser que le programme témoigne d’une création d’un québécois pour un québécois, une fleur de lys pouvant avoir de multiples significations selon l’histoire, l’origine ou la culture de l’utilisateur (royauté française, symbole international du scoutisme, logo de l’AFC Fiorentina, etc).

Conclusion

Bien que Quoilire.ca soit une plateforme coordonnée par l’Association des bibliothèques publiques du Québec ainsi que quelques autres institutions gouvernementales, il n’est pas étonnant de constater que le code qui la compose, dans ses questions, dans ce qu’il dit en langage naturel et ce qu’il ne dit pas, tend à implanter des valeurs chez les utilisateurs. Les recommandations vont dans le même sens que les constats établis à partir de la plateforme. Il faudrait cependant utiliser le formulaire de nombreuses fois pour pouvoir tirer de plus amples conclusions quant aux recommandations. Au demeurant, la plateforme semble alimenter faiblement l’idée de recherche de conseil d’expert par le lecteur, par contre la mise en avant de la littérature locale est une valeur au centre du projet. De façon générale, la plateforme en essayant de faciliter l’utilisation du formulaire -par le biais des réponses préfaites- peut inciter à la lecture locale francophone. Cet usage de réponses sur lesquelles l’utilisateur n’a qu’à cliquer, qu’il soit représentatif de la société ou bien qu’il modifie les comportements, est central puisqu’il permet d’orienter les réponses. La plateforme s’adresse à un public local conscientisé ou en voie de l’être.

Bibliographie

BECK, Estee, «A Theory of Persuasive Computer Algorithms for Rhetorical Code Studies.», Enculturation, University of Texas, Arlington, 2016. http://enculturation. net/a-theory-of-persuasive-computer-algorithms

BROCK, Kevin, Rhetorical Code Studies: Discovering Arguments in and around Code, University of Michigan press, Ann Harbor, 2019, 213 p https://library.oapen.org/bitstream/handle/20.500.12657/23989/1006145.pdf?sequence=1&isAllowed=y

CAYLEY , John, « The Code Is Not the Text (Unless It Is the Text) ». Revue. Electronic Book Review (blog), 9 octobre 2002. http://electronicbookreview.com/essay/the-code-is-not-the-text-unless-it-is-the-text/.

FULLER, Matthew, Software studies, Leonardo, Cambridge, Massachusetts, 2008, 352 p. 

GILLESPIE, Tarleton, « Can an Algorithm Be Wrong?», Limn, University of California, 2012, 2 p. http://escholarship.org/uc/item/0jk9k4hj

SARRAZIN, Sylvain, «Quels ont été les succès de bibliothèque en 2019?», La Presse, 29 décembre 2019. https://www.lapresse.ca/arts/litterature/2019-12-29/quels-ont-ete-les-succes-de-bibliotheque-en-2019

SIRE, Guillaume. « Ce que coder veut dire : y a-t-il un langage de programmation ? », Toulouse Capitole Publications, Paris, 2016, 7 p. http://publications.ut-capitole.fr/24366/1/Sire_24366.pdf

VITALI-ROSATI, Marcello, « Littérature papier et littérature numérique, une opposition ? », Fabula. Colloques en ligne, 15 février 2017, 4 p. https://www.fabula.org:443/colloques/document4191.php


  1. Matthew Fuller, Software studies, Leonardo, Cambridge, Massachusetts, 2008, p.144.↩︎

  2. Guillaume Sire, «Ce que coder veut dire : y a-t-il un langage de programmation?», Toulouse Capitole Publications, Paris, 2016, p.2.↩︎

  3. Kevin, Brock, Rhetorical Code Studies: Discovering Arguments in and around Code, University of Michigan press, Ann Harbor, 2019, p.117.↩︎

  4. Ibid., p.118.↩︎

  5. Marcello, Vitali-Rosati, « Littérature papier et littérature numérique, une opposition ? », Fabula. Colloques en ligne, 15 février 2017, p.1.↩︎

  6. Estee, Beck, «A Theory of Persuasive Computer Algorithms for Rhetorical Code Studies.», Enculturation, University of Texas, Arlington, 2016, p.49-50.↩︎

  7. Kevin Brock, loc cit., p.118.↩︎

  8. Guillaume Sire, loc. cit., p.2.↩︎

  9. Ibid, p.6.↩︎

  10. Sylvain, Sarrazin, «Quels ont été les succès de bibliothèque en 2019?», La Presse, 29 décembre 2019.↩︎

  11. John, Cayley, « The Code Is Not the Text (Unless It Is the Text) ». Revue. Electronic Book Review (blog), 9 octobre 2002.↩︎

  12. Kevin Brock, loc cit., p.119.↩︎