Jusqu’à quel point l’EPUB s’ancre dans un paradigme d’accessibilité et de transmission de la connaissance?
EPUB, mais aussi réflexion autour des DRM
Marie-Pier Paquet
Département des littératures de langue française
2104-3272
Sens public 2020/12/13

Dans un contexte d’étude dans le domaine de l’édition numérique, il est impossible de passer à côté de l’EPUB. Le format est omniprésent, il est utilisé un peu partout, que ce soit dans les bibliothèques ou les librairies en ligne. Dans une optique de protection des droits d’auteurs, l’EPUB est souvent utilisé conjointement avec des Digital Rights Management (DRM)1. C’est sur cela que nous réfléchirons dans ce texte : l’accessibilité de l’EPUB. Pour cela, nous passerons par une définition de plusieurs concepts, une revue du format EPUB, une visite de la notion d’accessibilité pour terminer sur une réflexion autour de l’EPUB et des DRM.

Section technique

Définitions

Pour entreprendre un tel travail de réflexion, il est pertinent de commencer par définir les différents termes qui seront utilisés plus tard. Ces termes ont en effet plusieurs acceptions qui peuvent venir modifier la vision que nous pouvons avoir de ce qu’ils représentent. Il faut donc avoir des définitions communes.

Comme cet article porte sur le format EPUB et son accessibilité, les notions de livre, livre numérique, format, format ouvert et fermé, d’accessibilité et d’EPUB sont à éclaircir. Le format EPUB en lui-même se méritera une section à lui seul, tous comme l’accessibilité. Certains mots plus spécifiques, qui se retrouveront dans une seule partie du texte seront définis en temps voulu.

Livre : La Bibliothèque et Archive nationale du Québec (BAnQ) définit légalement un livre comme étant un assemblage d’au moins 49 pages portant des signes destinés à être lu et qui n’est pas une publication périodique. Nous utiliserons cette définition, en éliminant le nombre de pages. Certains livres pour enfants comportent en effet moins 49 pages, mais ils sont tout de même considérés comme des livres dans l’imaginaire collectif.

Livre numérique : Il existe plusieurs types de livres numériques. Le livre numérique homothétique est une copie numérique d’un livre papier. Il peut avoir été numérisé ou bien transformé dans un format comme l’EPUB. Dans tous les cas, il s’agit d’une version identique à l’imprimé. À l’opposé de l’homothétique, il y a le livre augmenté, qui profite des fonctionnalités des différents formats et des appareils utilisés pour les consulter pour offrir une expérience plurielle, avec des sons, des vidéos ou des fonctions interactives. Le livre audio est aussi un livre numérique, mais ne sera pas abordé dans le cadre de ce travail.

Liseuse : C’est l’un des objets utilisés pour lire les livres numériques. La liseuse est conçue spécialement pour cette fonction.

Format : Le format en informatique est une façon d’assembler de façon conventionnée une suite de bits pour permettre à la machine de le lire.

Format ouvert et propriétaire : Les deux notions doivent être abordées ensemble, car elles sont contradictoires dans leur essence. Le format propriétaire est opaque, les spécifications qui le concernent ne sont pas diffusées ou alors, si elles sont diffusées, elles sont associées à des licences ou des brevets. Pour pouvoir développer un module qui permet de lire ou d’écrire le format propriétaire, le développeur doit détenir une licence.

Les spécifications du format ouvert, à l’inverse, sont accessibles et publiques. Le développeur peut donc créer des outils pour lire ou écrire le format ouvert grâce aux détails qui sont fournis publiquement.

Du livre au manuscrit

Avant l’arrivée du livre, il y eut l’écriture. L’écriture est en effet la condition sine qua non pour obtenir un livre tel que défini plus haut. Le livre nait donc bien après l’apparition de l’écriture.

Avant d’arriver au papier que nous connaissons, les substrats sur lesquels les humains posèrent leurs écritures furent divers. Les tablettes d’argiles, les rouleaux de papyrus ou des môles (des feuilles de palmiers) sont des supports plus ou moins connus qui ont précédé ou bien ont vécu conjointement aux parchemins. Le parchemin, une peau d’animal traitée, est le support le plus utilisé en Occident et c’est grâce au parchemin que les codex virent le jour. Le codex est un assemblage de parchemins pliés et reliés en cahier. On pourrait le comparer à nos reliures cousues. Le codex change le paradigme de la lecture, puisqu’il change le mouvement que le lecteur doit faire pour lire. Il n’a plus à dérouler des rouleaux de papyrus pour sa lecture. Il a maintenant une main de libre pour prendre des notes ou critiquer le texte durant le temps de la lecture. La forme reliée permet de hiérarchiser le contenu du codex, de créer des chapitres. Les premiers codex apparaissent au IIe siècle du notre ère, la pagination se met en place, les index et les tables des matières aussi, pour permettre à la personne qui utilise l’ouvrage de revenir en arrière, de mieux structurer sa recherche et son travail.

Malgré cette révolution, la production de livre reste dispendieuse et fastidieuse. Le support coûte cher, les copistes ne peuvent produire qu’une copie à la fois, écrire un livre à la main, avec les outils du Moyen Âge, c’est très long. Le livre restera donc difficile d’accès et réservé à l’aristocratie et aux hauts placés de l’Église, en Occident, jusqu’à l’arrivée de l’imprimerie à caractères mobiles au XVe siècle avec Gutenberg. Cette invention créer un tout nouveau paradigme. Les livres sont de plus en plus accessibles, car moins coûteux à produire. Plus le temps passe et plus la population s’éduque, plus l’imprimerie se perfectionne et il est de plus en plus facile de trouver des livres. La connaissance se répand, et à côté des livres l’imprimerie quotidienne se développe. La presse quotidienne devient plus abordable, mais il y a aussi des impressions de pamphlets, de publicités ou de brochures.

Plus le temps passe et plus les technologies évoluent, perfectionnant l’imprimerie, le papier et l’édition, comme le reste du monde se capitalise. Les livres deviennent de plus en plus abordables et faciles à trouver. L’école est obligatoire dans plusieurs pays et il y a de plus en plus de personnes qui savent lire. Les librairies et les bibliothèques poussent, les ordinateurs sont de plus en plus faciles à trouver, les téléphones se miniaturisent et les premières tablettes et liseuses apparaissent. L’apparition de la liseuse et des livres numériques s’inscrit dans un nouveau paradigme, qui est une continuité de tous les autres paradigmes précédents. Puisque la lecture et les livres sont plus faciles à trouver et qu’il est plus facile de s’en procurer, le public peut plus aisément avoir accès à la connaissance. C’est ici que l’EPUB arrive et nous intéresses. Jusqu’à quel point l’EPUB s’ancre dans un paradigme d’accessibilité et de transmission de la connaissance?

Qu’est-ce que l’EPUB?

L’EPUB est un format utilisé pour produire des livres numériques. Il n’est pas le seul format existant, la page Wikipédia anglaise de comparaison des formats en recense une trentaine, dont certains formats sont des formats issus de traitements de texte. La plupart de ces formats sont beaucoup plus marginaux, mais nous pouvons aussi retrouver le format Kindle, d’Amazon, ou bien le PDF. L’EPUB demeure le format le plus intéressant grâce à sa polyvalence et parce qu’il est ouvert. Le kindle offre autant de fonctionnalité que l’EPUB, mais il est attaché aux liseuses kindle d’Amazon, ce qui le rend inutilisable sur toute autre plateforme.

Fonctionnalité et fonctionnement

L’EPUB est maintenu par l’International Digital Publishing Forum (IDPF). Cet organisme a pour mission de faire de l’EPUB un standard pour l’édition de livre numérique.

Le format est basé sur le langage HTML. Antoine Fauchié compare d’ailleurs l’EPUB à un mini site web qui peut être utilisé sans connexion internet. Cette particularité fait en sorte que tous ce que l’on peut retrouver sur un site web peut se retrouver dans un EPUB. À cela se rajoute la possibilité d’intégrer un dictionnaire ou des DRM.

L’EPUB est un fichier compressé, qui contient des fichiers qui doivent absolument être présent comme un fichier MIMETYPE, un fichier container.xml, un dossier dans lequel se retrouveront des fichiers XML pour les métadonnées et aussi des fichiers optionnels. Les fichiers de contenu (comme des fichiers HTML, CSS, des polices de caractères, des images, etc.) doivent être regroupés dans un seul dossier distinct des métadonnées et du fichier MIMETYPE. Les dossiers et le fichier MIMETYPE sont ensuite compressés dans un fichier .epub.

Aujourd’hui, et depuis 2017, c’est la troisième version de l’EPUB qui est utilisée. Le premier format EPUB est apparu sous ce nom en 2007, mais il existe déjà sous le nom de OEB (Open Ebook). Ce format est créé par l’Open eBook Publication Structure (OeBPS), qui deviendra un consortium industriel international (Open eBook Forum, OeBF) regroupant des développeurs de logiciels, des éditeurs, des libraires et des spécialistes du numérique dans le but de faire de l’OEB un format standard, ce qu’ils arriveront à faire. Deux licences de ce format existeront. Une version payante pour les éditeurs qui y appliqueront des DRM, une version gratuite qui appartiendra au domaine public.

En 2007, deux ans après l’apparition de l’IDPF, que l’EPUB apparaît. Il s’agit de la version 2.0, la version 3.0 voit le jour en 2011 et son évolution, le 3.1 date de 2017.

Deux grosses différentes apparaissent entre les deux versions. L’EPUB 2.0 n’est pas optimisé pour l’affichage d’images, alors que le 3.0 peut contenir des images, des vidéos, du son, etc. Les deux versions sont basées sur les standards du web, mais de leur époque respective. Le 3.0 utilise le HTML5, le CSS3 et peut aussi inclure du JavaScript. Les possibilités de mises en pages ont évolué. Dans la version 2.0, seule une mise en page adaptative est possible, c’est-à-dire que le contenu se réorganise en fonction de l’écran utilisé et des paramètres du lecteur. La 3.0 est plus souple et peut aussi permettre l’édition de mise en page fixe, facilitant l’édition de livres pour enfants, souvent riches en illustrations ou même de bandes dessinées. Au moment d’écrire ces lignes, les logiciels utilisés pour lire les fichiers EPUB peuvent lire autant l’EPUB 2 que l’EPUB 3.

Accessibilité

Cette partie se veut comme étant un hybride, un lien, entre la partie précédente qui était purement technique et la dernière qui est une réflexion pure. Certains sujets se verront approfondis par la suite dans la troisième section.

L’accessibilité peut se définir comme étant la faculté d’un fichier ou d’un site web à être consulté, peu importe les limitations ou les handicaps d’un utilisateur. Cela signifie donc que le document doit posséder les technologies nécessaires à cette utilisation, mais aussi que l’auteur du document doit les avoirs mis en place. D’une façon plus générale, l’accessibilité peut aussi être vue comme étant une facilité d’accès à quelque chose. Par exemple, ce livre est facile d’accès, car il est offert dans plusieurs bibliothèques et en plusieurs exemplaires, ou bien il est facile à trouver sur internet et il est gratuit.

DRM

Il est temps d’aborder les DRM. Il s’agit d’un système de gestion des droits numériques qui peut se retrouver soit dans un fichier, comme un fichier EPUB, ou bien sur un support comme un DVD. Le but est de contrôler la diffusion et l’utilisation des œuvres numériques. Dans le cas qui nous intéresse, l’EPUB, les DRM se trouvent directement dans le fichier et font en sorte que le fichier en question est lié à un acheteur. Si le DRM est édité par Adobe (sous le nom d’Adept, qui est le plus utilisé), le document ne sera lisible que sur six appareils et il faudra un compte Adobe pour l’utiliser.

Nous pouvons remettre en question l’utilisation des DRM. Il est nécessaire de protéger les droits des auteurs des livres numériques qui vivent de leur plume et aussi le travail des éditeurs, particulièrement les plus petits, qui font aussi vivre par la bande beaucoup de travailleurs autonomes comme des graphistes ou des réviseurs et réviseuses. L’éthique derrière les DRM est pourtant discutable. Dans le cas d’Adept, et très certainement dans les autres types de DRM comme ceux d’Amazon, nous pouvons penser à la collecte de données. L’utilisation d’un compte Adobe est nécessaire pour utiliser le logiciel de gestion Adobe Digital Editions. Ce compte est relié aux serveurs d’Adobe et peut être surveillé. Adobe peut analyser les données provenant des comptes, les types de fichiers importés.

Outre les problèmes de confidentialités, le DRM d’Adobe pose des problèmes pour l’accessibilité, puisqu’il impose des étapes intermédiaires, parfois peu simple, entre le téléchargement de l’EPUB et sa lecture. Il faut télécharger le logiciel Adobe Digital Editions (ADE pour les besoins de la cause), créer un compte, le connecter, importer le fichier dans ADE et finalement, l’exporter dans le terminal de lecture choisi, qui lui aussi doit être lié au compte Adobe.

La disponibilité des EPUB

Le format EPUB est le format le plus utilisé dans le cas du livre numérique et il peut être lu sur l’ensemble des appareils pouvant lire des livres numériques, à l’exception des kindle d’Amazon, et les livres lisibles sur les kindle sont vendus uniquement sur le site d’Amazon. Il est donc aisé pour les utilisateurs de trouver un livre en format EPUB, particulièrement quand il s’agit de romans, d’ouvrages grand public ou bien d’essais. Les livres plus spécialisés, dans des domaines moins reliés au numérique, sont moins souvent disponibles en livres numériques, mais il s’agit aussi de livres difficiles à trouver sous leurs formes imprimées dans les librairies généralistes.

Les bibliothèques offrent maintenant la possibilité de louer des livres numériques, la plupart au format EPUB, certains en PDF et d’autres fois, les deux formats sont offerts. Un problème se pose dans le cas des bibliothèques… Le principe de ces établissements repose sur la location de livre, en échange d’un abonnement. L’abonnement est généralement gratuit pour les citoyens de la ville où se trouve la bibliothèque (et l’abonnement de la BAnQ est disponible gratuitement pour tous les résidents du Québec, même s’ils ne possèdent qu’un statut de résident temporaire), mais n’importe qui peut s’abonner à ladite bibliothèque en payant des frais. En échange, l’usager peut louer un certain nombre de livres pour un certain laps de temps (souvent trois semaines). Un retour à l’extérieur du délai prescrit est sanctionné d’une amende.

La location d’un livre numérique ne peut être faite sous ce régime. En effet, le livre numérique n’a pas la matérialité du livre imprimé. Il ne peut pas être rendu à la bibliothèque comme nous pouvons le faire avec un livre papier. Les bibliothèques ont réglé le problème avec le DRM chronodégradable. Cet ajout rend le fichier inutilisable après la période de location.

L’idée derrière ce DRM n’est pas bête. Elle permet de conserver la mission des bibliothèques: louer des livres. Les problématiques liées aux DRM chronodégradables sont les mêmes que ceux liés aux DRM de base. Les risques pour les données du client et les difficultés liées à l’utilisation d’ADE demeurent. La conservation des documents

L’utilisation de l’EPUB pose une grosse question, celle de la conservation des documents. Le livre numérique existe, entre autres, pour permettre la conservation de vieux documents papier. Dans ce genre de situation, le document est numérisé et il existe des formats adaptés à ce besoin. Grâce à ses numérisations, le document est plus facilement diffusable et il peut être plus facilement utilisé pour la recherche ou la constitution de base de données.

Le problème vient plutôt de l’EPUB et de ses DRM. Depuis un moment déjà, les logiciels utilisés pour lire les EPUB peuvent gérer autant la version 2 et 3 du format. La rétrocompatibilité est donc relativement bien assurée. En fait, la question se pose avec les DRM. L’utilisation des DRM lie le fichier à un utilisateur, mais peut aussi le lier à un seul appareil, ce qui va rendre le document illisible lorsque la personne changera de terminal. Le fichier peut aussi se retrouver lié à un logiciel particulier. Un livre dont le DRM est Adept ne pourra être utilisé qu’avec ADE! Le DRM menotte l’utilisateur à une plateforme et au bon vouloir des vendeurs. Le livre acheté sur Amazon peut tout simplement disparaître si jamais il s’avérait que le vendeur décidait de le retirer pour une raison X ou Y. Dans une telle situation, l’acheteur ne pourra plus lire son livre…

Réflexion sur l’EPUB et le livre numérique

L’EPUB est un format ouvert. Cette ouverture du format est probablement ce qui a fait son succès. La prise en main de la conception d’un EPUB est facilitée pour toute personne connaissant HTML5 et CSS3. Si nous rajoutons à cela le fait qu’il soit possible de combiner différents types de mise en page, des fichiers vidéo ou audio, et de faciliter la conversion vers le braille, l’EPUB semble être un format idéal. Aucun format n’est réellement idéal, ils ne peuvent pas répondre à l’ensemble des besoins pour les livres numériques. Le problème ne vient pas du format, mais plutôt des gens qui l’utilisent à des fins commerciales. Le but premier de l’EPUB et de l’IDPF, c’est d’assurer la plus grande accessibilité possible du format à toute personne qui veut l’utiliser. Comme discuté plus haut, y associer des DRM vient à l’encontre du but premier de l’EPUB.

Adobe est une entreprise à but lucratif et même si elle ne produit pas d’EPUB (InDesign permet tout de même d’exporter vers le format EPUB), elle gagne de l’argent grâce à son DRM Adept. Certains sites rapportent un coût d’utilisation de 75 000$ par an et 0,40€ par livre vendu pour l’éditeur2. Ces coûts sont évidemment reportés à l’acheteur, rendant le livre numérique moins attractif, car plus cher. Si nous ajoutons à tout cela la difficulté d’utilisation des EPUB avec DRM Adept et la facilité pour les internautes de trouver des façons de retirer les DRM, la pratique du DRM est totalement inutile… Pourtant, les grands éditeurs l’utilisent toujours.

Pour pallier les DRM propriétaires, il existe l’éditeur Readium, avec son Licensed Content Protection (LCP). L’utilisation est gratuite, il faut plutôt que l’éditeur qui souhaite utiliser LCP payer une certification annuelle. L’utilisation d’un DRM ouvert offre une solution de rechange intéressante particulièrement pour l’utilisateur s’il n’a pas à passer par un logiciel peu agréable à manier et qui l’oblige à ouvrir un compte chez une entreprise, compte qu’il ne lui sera pas utile pour toute autre chose. Readium LCP n’est pas responsable du déploiement des DRM, c’est l’éditeur qui s’en occupe, diminuant le nombre d’intermédiaires entre l’acheteur et le vendeur.

Aucune solution n’est parfaite, les EPUB utilisant des DRM Adobe ne pourront pas être lus sur les lecteurs basés sur une technologie Readium LCP et vice-versa, ce qui diminue l’interportabilité.

Avec ou sans DRM?

Pour répondre à la question posée plus haut : « Jusqu’à quel point l’EPUB s’ancre dans un paradigme d’accessibilité et de transmission de la connaissance? », il faut se poser la question de l’utilité des DRM. Les DRM ne servent qu’à rassurer les grands éditeurs et producteurs de livres numériques. Ils ne servent pas réellement à protéger les EPUB du piratage, car ils sont trop simples à retirer pour quiconque veut faire une petite recherche et prendre un peu de temps à le faire. Et pour ceux qui n’ont pas le temps ou les connaissances, les DRM leur compliquent la vie la plupart du temps.

« Faire confiance à quelqu’un qui ne nous fait pas confiance? » C’est la question que pose l’initiative FCKDRM, qui peut aussi être une partie de réponse à notre première question. FCKDRM milite pour le retrait de l’ensemble des DRM. Le but : ne pas entraver l’utilisation des œuvres achetées. Les DRM d’Adobe, et dans une moindre mesure le Readium LCP, entravent l’utilisation des œuvres, ne serait-ce que parce qu’ils empêchent le partage, l’impression ou même l’utilisation sur le terminal de notre choix. À ce moment de la réflexion, nous pouvons nous demander si le livre numérique dans sa forme actuelle, avec les DRM, nous permet de bénéficier du livre comme cela est possible avec un livre papier. L’achat d’un EPUB avec DRM, présentement, revient plutôt à acheter une licence d’utilisation du document, pas à acheter le livre. Cette licence restreint beaucoup plus l’acheteur. Il ne peut pas prêter le fichier, s’il veut faire lire le livre il doit aussi prêter la liseuse ou le terminal sur lequel peut être lu le fichier, il ne peut pas l’imprimer, l’utiliser où il veut. Les restrictions sont beaucoup plus fortes qu’avec un livre papier. Après tout, un livre papier, à moins d’être perdu, peut être emprunté, annoté, lu n’importe où.

Là où l’EPUB, dans sa forme actuelle ou dans une forme idéale, devient plus intéressant que le livre papier, c’est pour son accessibilité pour les personnes en situation de handicap. De par sa flexibilité ou sa structure basée sur le HTML5, un EPUB construit de la bonne façon peut être utilisé par des personnes aveugles ou malvoyantes, des personnes sourdes ou malentendantes ou même par des personnes ayant des restrictions cognitives ou physiques.

Dans sa forme idéale, l’EPUB s’ancre dans le paradigme d’accessibilité et de transmission de la connaissance. Il suffit par la suite de rendre l’EPUB facilement accessible pour quiconque souhaite en lire un. En effet, étant un document numérique, l’EPUB a besoin d’un terminal pour le lire. Il est don nécessaire qu’organismes et entreprises travaillent ensemble pour fournir facilement ces machines et les logiciels nécessaires à une utilisation par n’importe qui.

Bibliographie

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  1. Le concept de DRM sera abordé plus en détail plus bas↩︎

  2. Ces chiffres ont été trouvés sur le site: https://www.lettresnumeriques.be/2011/04/08/drm-solution-miracle-ou-ennemi-public-n%c2%b01/↩︎