Contexte


Contexte

Cheminement

Ce mémoire de recherche rend compte d’une enquête sur les pratiques documentaires d’un tiers-lieu situé à Lyon : La Myne. Mon intérêt pour cette communauté et le travail quotidien d’écriture de ses membres provient d’une envie de soutenir le développement des sciences participatives, c’est à dire les activités de construction de connaissances scientifiques avec la société civile. La Myne, se qualifiant de “laboratoire citoyen” (La Myne s. d.a), collabore régulièrement avec des acteur·rices de la recherche et est reconnue dans le réseau des tiers-lieux et communs français pour son expertise dans la “documentation”. Je partais donc du principe que cette communauté s’inscrit dans les sciences participatives, mais cette hypothèse se révéla à nuancer. Néanmoins, elle m’aura permis de comprendre la relation complexe que les personnes rencontrées entretiennent avec la connaissance scientifique et d’identifier ce qui, dans leurs pratiques documentaires, pourrait soutenir des dynamiques de sciences participatives.

Pour clarifier dans quelle perspective ce travail a été mené, je commencerai par expliciter ce qu’on appelle “sciences participatives”, puis je présenterai la Myne et discuterai de leurs liens réciproques. Je présenterai ensuite les mouvements des tiers-lieux et des communs de la connaissance et essaierai de montrer leur influence sur les activités de la Myne. Enfin, je détaillerai rapidement les pratiques documentaires de la Myne et discuterai de la notion de “documentation” utilisé pour les décrire.

Sciences participatives

Des pratiques anciennes qui prennent de l’ampleur au 20ème siècle

Les sciences participatives peuvent être définies comme les formes de participation actives de non-scientifiques à la production de connaissances scientifiques (Houllier et Merilhou-Goudard 2016). Ces pratiques sont courantes depuis plusieurs siècles dans certaines sciences, comme l’astronomie, la botanique, l’entomologie ou la zoologie. D’une part car les besoins en terme d’observation y sont très conséquents, d’autre part parce qu’avant le 20ème siècle, les institutions demandaient aux voyageur·ses de rapporter échantillons et observations car le voyage était quelque chose d’exceptionnel (Houllier et Merilhou-Goudard 2016). Ces disciplines ont donc historiquement mobilisé beaucoup d’observateur·rices amateur·rices (voir par exemple Star et Griesemer 1989).

Ces activités étaient néanmoins réservées à l’élite des sociétés naturalistes jusqu’au 20ème siècle, où les associations de défense de l’environnement ont pris le relais. Avant, le phénomène est difficile à repérer avec des outils scientométriques parce que les chercheur·ses ne rendaient pas nécessairement compte de cette participation et que des expressions comme “sciences participatives” ou “sciences citoyennes” n’existaient pas encore (Houllier et Merilhou-Goudard 2016). Depuis la moitié du 20ème siècle, les sciences ont vu émerger de nouvelles manières de coopérer avec la société civile ainsi qu’un engagement plus prononcé des chercheur·ses dans des transformations sociales. C’est ce phénomène que l’on nomme tiers-secteur scientifique (Le Crosnier, Neubauer, et Storup 2013), sciences citoyennes (Jacq et Guespin-Michel 2015) ou sciences participatives (Houllier et Merilhou-Goudard 2016).

Un champ hétérogène qui entretient des liens avec la recherche-action

Les sciences participatives contemporaines sont l’agrégation de multiples courants dont les méthodes et les modes d’action restent souvent associés à des inscriptions disciplinaires. Ainsi, en 1940 apparaît la recherche-action participative, notamment sous l’impulsion du psychologue Kurt Lewin. C’est une des premières fois où l’on revendique à la fois une implication des chercheur·ses dans les transformations sociales et une participation des personnes concernées (Houllier et Merilhou-Goudard 2016). Au cours du 20ème siècle, les pédagogues John Dewey et Paolo Freire ont également été précurseurs des recherches participatives, ils y voyaient une opportunité de mieux enseigner en alliant théorie et pratique (Le Crosnier, Neubauer, et Storup 2013). Les développements récents de ces méthodes incluent la gestion des ressources naturelles, l’agriculture, la lutte contre la pauvreté, la santé, l’alimentation.

En santé, la figure du·de la “patient·e expert·e” a émergé à la fin du 20ème siècle, et des associations de patient·es ont commencé à contribuer à la recherche médicale, en particulier dans le cas du SIDA. La community based research s’est alors développée en Amérique du Nord dans les années 80, avec le double objectif de résoudre une situation problématique et de créer des connaissances scientifiques (Houllier et Merilhou-Goudard 2016).

Une institutionnalisation progressive et conflictuelle

Certain·es ne voient dans ces nouvelles pratiques qu’une menace pour l’objectivité et l’indépendance des sciences. L’Association Française pour l’Information Scientifique avance dans un communiqué de 2013 : “L’objet de la Science est le vrai, et le vrai ne se vote pas” (« Sciences citoyennes : une version postmoderne de la « science prolétarienne » s’introduit au CNRS / Afis Science - Association française pour l’information scientifique » 2013). Pour d’autres, les sciences participatives sont une occasion d’encapaciter les citoyen·nes et de “mettre [la recherche] au service du bien commun” (« L’association Sciences Citoyennes » 2010) Ainsi, en France, des associations comme l’Atelier des Jours à Venir ou Sciences Citoyennes se sont constituées pour faciliter la participation à la recherche, et ces pratiques commencent à trouver des soutiens institutionnels.

En France, la participation semble être devenue un des mots d’ordre de la politique de la recherche. Le CNRS a créé en 2013 une mission sciences citoyennes (« Les sciences citoyennes au CNRS - Institut des sciences de la communication » 2013), suivie de peu par la loi du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche, qui vise à “favoriser les interactions entre sciences et société” (Houllier et Merilhou-Goudard 2016). La Loi de Programmation de la Recherche de 2020 précise que “1 % du budget d’intervention de l’ANR [sera] consacré au partage de la culture scientifique”, ce qui suppose de “renforcer la science ouverte” (« Diffusion de la recherche dans la société et l’économie : Renforcer les relations entre les scientifiques et les citoyens » 2020). Dans ce contexte favorable, certains membres de la Myne n’hésitent pas à se positionner, par exemple en répondant à l’appel ANR Sciences Avec et Pour la Société (« Appel à projets SAPS-RA-MCS 2021 Science avec et pour la société – Recherche ActionMédiation et communication scientifiques » 2021).

Néanmoins, ce paysage n’est pas exempt de conflits, au contraire : c’est en partie parce que l’accélération de la production de connaissances et de nouveaux objets techniques occasionne des controverses (pour ne citer que les plus polémiques : pesticides, OGM, 5G) que certains acteurs de la société civile revendiquent une réappropriation des sciences (Le Crosnier, Neubauer, et Storup 2013). En réponse, les pouvoirs publics n’hésitent pas à jouer sur l’ambiguïté du terme “société”, en annonçant en introduction de la Loi de Programmation de la Recherche de 2020 vouloir “replacer la science dans une relation ouverte avec toute la société” tout en précisant plus bas :

La loi ambitionne également de renforcer le lien entre la société et le monde scientifique, notamment avec les entreprises. Les chercheurs publics vont pouvoir plus facilement créer une entreprise, participer à la vie d’une entreprise ou cumuler une activité privée à temps partiel… (« Diffusion de la recherche dans la société et l’économie : Renforcer les relations entre les scientifiques et les citoyens » 2020)

Nouveaux outils et savoirs-faires

Au fil des expérimentations, les sciences participatives contemporaines inventent de nouveaux métiers — intermédiateur·rices (« L’intermédiation comme démarche » 2020), agent·es de mobilisation (Renaud 2020) — de nouveaux savoirs-faire et de nouveaux outils de production de connaissances. Dernièrement, l’accessibilité croissante du numérique et d’internet a permis à de nouvelles formes de participation de prendre place, comme :

  • Le crowdsourcing : collecte de données sur le terrain grâce à des applications ou des capteurs (Parasie et Dedieu 2019), souvent dans les sciences naturelles. Le Muséum national d’histoire naturelle regroupe de nombreuses initiatives de cet ordre : BioLit, Birdlab, Vigie-Terre. Cela inclut également les plateformes de partage d’observations telles que Tela Botanica (Heaton, Millerand, et Proulx 2010).
  • L’intelligence distribuée : interprétation de données en ligne, comme Foldit, un jeu qui a permis de trouver en 3 semaines la structure tridimensionnelle d’une protéine que les chercheur·ses ne parvenaient pas à déterminer (Houllier et Merilhou-Goudard 2016).
  • Des communautés distribuées d’écriture et d’interprétation, à l’instar de l’espace de Conversations préfiguré par Nicolas Sauret pour la revue Sens Public (Sauret 2018).

Ce mémoire s’attarde en particulier sur ce dernier point : j’ai été amené à enquêter à la Myne car ses membres ont développé des pratiques d’écriture numérique radicalement ouvertes et collectives, qui me semblaient intéressantes du point de vue des sciences participatives.

La Myne

Un lieu, une communauté et un système d’information pour accueillir des projets

La Myne était à sa création en 2014 l’antenne lyonnaise de la Paillasse, une association qui accompagne des projets citoyens en sciences du vivant (Chow-Petit, Chow-Petit, et Pignot 2018). C’était donc un lieu qui visait à donner accès à tous·tes à la biologie et à la chimie en récupérant et réparant du matériel de laboratoire. Il a par la suite accueilli des projets liés à la transition écologique : réparation d’objets électroniques, communs énergétiques, capteurs de pollution de l’air, low-techs (La Myne 2021).

L’association se définit comme suit sur son site internet :

La MYNE est un laboratoire citoyen, tiers-lieu(x) libre et open source à Villeurbanne (Métropole de Lyon). Sa vocation : soutenir les citoyen.ne.s qui expérimentent le futur et agissent sur les transitions (habitat, alimentation, énergie, etc.), chacun.e à sa façon (technique, art, science…), par les communs. (La Myne s. d.a)

Ses activités se sont progressivement diversifiées à mesure que la communauté grandissait et que leurs intérêts évoluaient. Parmi leurs principaux chantiers actuels : une maison d’édition, le développement d’une coopérative d’entrepreneur·ses (CAE), une recherche-action sur de nouvelles formes d’emploi (CDI communautaire), une régie de santé et un dispositif d’accompagnement des transitions énergétiques territoriales. Malgré un passé très lié à la technique et aux sciences du vivant, la Myne est donc actuellement plutôt un tiers-lieu sociocentré (Lhoste 2020) en recherche sur ses propres pratiques.

Le bâtiment qui accueille les membres de la Myne est une petite maison à un étage dans la banlieue lyonnaise de Villeurbanne. Elle reçoit surtout lorsque des personnes souhaitent se rencontrer pour un projet, présenter une initiative ou organiser un moment de convivialité.

photo de la maison de la Myne

Ce qui frappe beaucoup de visiteur·ses lorsqu’iels s’y rendent pour la première fois est que certaines personnes sont constamment en train de taper sur leur ordinateur. Dès qu’une discussion a lieu, les mynois·es retranscrivent avec une assez grande précision les paroles qui s’échangent sur un outil de prise de note au format markdown : Hedgedoc.

photo d’une réunion avec des mynois·es en train de taper

On appelle couramment les documents produits par ce logiciel des “pads”, en référence à d’autres outils d’écriture collective en ligne comme Hackpad ou Framapad. Hedgedoc fait partie du système d’information que la Myne fournit aux projets qu’elle héberge, aux côtés notamment d’une plateforme de stockage (Nextcloud) et d’une messagerie instantanée (Rocket.chat).

L’association n’a pas de salarié·es et rarement des projets qui lui sont propres. La plupart des initiatives trouvent leurs propres financements, même si elles s’identifient comme “mynoises”. Les activités à la Myne n’ont donc pas d’orientation définie a priori, l’association offre avant tout un cadre matériel, technique et social à des projets initiés sur la base des envies et des interconnaissances des membres.

Une communauté à 4 cercles

La Myne est une communauté aux contours diffus, car ses membres considèrent que toute personne avec qui iels ont collaboré peut en faire partie. Un·e des membres m’a expliqué qu’iels avaient récemment fait une mini-enquête “au doigt mouillé” sur la composition de leur communauté. Selon ses dires, il y a 4 cercles :

  1. une dizaine de personnes très impliquées qui viennent presque quotidiennement au lieu
  2. une quarantaine de personnes qui viennent régulièrement au lieu
  3. entre 200 et 300 adhérent·es à l’association
  4. près d’un millier de personnes qui ont déjà interagi ou collaboré avec des mynois·es

Iel m’a également dit que leurs membres “reproduisaient à peu près la pyramide des âges” et que leurs origines sociales étaient plutôt diversifiées. N’ayant moi-même pas fait d’étude démographique de la communauté, je ne suis pas en mesure de beaucoup élaborer sur sa composition.

Les mynois·es les plus actif·ves sont en majorité des travailleur·ses autonomes qui contribuent à plusieurs projets avec des équipes différentes. Pour cela, iels sont souvent auto-entrepreneur·ses ou entrepreneur·ses–salarié·es, ce qui est permis par le biais d’Oxamyne, la Coopérative d’Activité et d’Emploi mise en place avec Oxalis. Les personnes que j’ai rencontrées disposaient souvent d’un capital culturel et social conséquents. La plupart d’entre elleux a au moins un master ou un doctorat et ont des échanges réguliers avec d’autres tiers-lieux, collectifs, collectivités territoriales, universitaires, institutions, etc.

La Fabrique des Énergies : un dispositif de mise en débat des enjeux de transition énergétique territoriale

Dans le cadre de mes analyses de corpus, j’ai été amené à étudier plus précisément un projet initié par 4 membres de la Myne : la Fabrique des Énergies. Mise en place en partenariat avec l’ADEME, elle vise à favoriser la “massification des dynamiques de transition(s) énergétique(s) réunissant acteur·ices publics, privés et citoyen·nes” (Loubet et al. 2021). L’objectif est notamment de mieux comprendre ce qui bloque les initiatives locales de transition énergétique, de mettre en lien des acteur·rices pour qui pourraient s’entraider, d’accompagner la constitution de communautés énergétiques et de produire collectivement des documents permettant de partager ce qui se dit lors de rencontres.

Les “Fabriques” sont des initiatives financées par l’ADEME, qui visent à produire et mettre en commun des connaissances et des outils propres à un domaine d’activité, pour le rendre compatible avec les limites planétaires. La plus importante est la Fabrique des mobilités, dont le wiki comporte 834 “communs”, allant de plans de véhicules low-tech à des projets de cartographie collaborative (« Communauté de la Fabrique des Mobilités » s. d.).

La Fabrique des Énergies s’inscrit donc dans ce cadre tout en héritant de préoccupations propres à la Myne. En effet, elle a été lancée à la suite d’un programme de recherche-action mynois sur la gouvernance citoyenne des données énergétiques : DAISEE. Un des territoires accompagnés — Prats-de-Mollo-la-Preste — a déjà été un terrain d’expérimentation pour DAISEE et les thèmes abordés au sein de la Fabrique des Énergies sont marqués par l’appétence de ses membres pour la gouvernance des données.

De plus, une grande partie du travail de la Fabrique consiste en la mise en place et la maintenance d’une “infrastructure de contribution” (Loubet et al. 2021) : un réseau de 120 pads plus ou moins écrits en collectif qui tient lieu de mémoire des rencontres. Y prennent donc place des pratiques d’écriture et des modes d’organisation documentaires développés à la Myne. J’ai donc tenu à étudier cette initiative pour l’importance de sa base documentaire et pour son ambition affichée de valoriser scientifiquement les savoirs élaborés.

Un “laboratoire citoyen” difficile à inscrire dans les sciences participatives

Comme le montre l’exemple de la Fabrique des Énergies, certaines activités qui prennent place au sein de la Myne engagent des savoirs, des acteur·rices et des méthodes issues de sciences. Néanmoins, au terme de cette enquête, il est pour moi clair que ces activités ne s’inscrivent pas dans les sciences participatives, même si elles en partagent certains traits.

Si les membres de la Myne cherchent parfois à donner une légitimité scientifique à leurs initiatives, la majeure partie de leur travail dans ce cadre n’ont pas pour but de créer des connaissances scientifiques. Les projets de la Myne font peu l’objet de publications dans des revues scientifiques, et celles j’ai pu trouver décrivent surtout la communauté, le tiers-lieu (Chow-Petit, Chow-Petit, et Pignot 2018 ; La Myne 2021) ou une des associations qu’il héberge (Brossaud 2018). Les initiatives sont souvent présentées sur le mode de l’”expérimentation" : expérimenter une régie de données de santé, de nouvelles formes d’emploi, de nouvelles pratiques de documentation en low-tech, etc.

Les initiateur·rices des projets ne sont souvent pas chercheur·ses de profession. Iels ont des savoirs-faire de recherche ou se revendiquent parfois chercheur·ses, mais la majorité d’entre elleux souhaite marquer une rupture avec la recherche telle qu’elle se fait dans les institutions. Cette dernière peut être jugée trop verticale, trop rigide, trop frileuse aux innovations épistémologiques ou encore trop éloignée de l’intérêt général :

Yacine : j’ai envie de faire de la recherche scientifique, l’exercice me plaît beaucoup, [mais] je me sens de moins en moins bien dans le milieu universitaire

Camille : on voit que le système académique il est quand même assez malade, donc on a contribué à beaucoup de publications scientifiques, des articles, des thèses, des programmes de recherche etc. Mais on s’est jamais mis comme co-auteurs

Enfin, la notion de “participation” implique une répartition des rôles bipartite — chercheur·ses et non chercheur·ses — ainsi qu’un cadre de participation clairement établi. Or, à la Myne, les personnes contribuent aux différentes initiatives parce qu’elles font partie de la communauté, indépendamment du statut de chercheur·se. Il est également courant d’être considéré·e comme faisant partie de la communauté parce qu’on en rencontré des mynois·es à l’occasion d’un projet, on a donc accès à ses ressources et on est encouragé·e à maintenir des liens (c’est le cas pour moi actuellement), ce qui brouille la notion de “participation”.

Tiers-lieux, communs, communs de la connaissance

Tiers-lieu : une notion floue mais source de distinction

Comme je l’ai mentionné plus haut, la Myne s’inscrit délibérément dans le mouvement des tiers-lieux. En France, la première étude scientifique sur cette notion date de 2017 : c’est la thèse du sociologue Antoine Burret, dont la définition de tiers-lieu est largement reprise par les collectifs qui s’en revendiquent. C’est “une configuration sociale où la rencontre entre des entités individuées engage intentionnellement à la conception de représentations communes” (Burret 2018). Concrètement, cette définition implique :

  1. Une “configuration sociale” : une ensemble d’interactions et d’interdépendances entre des individus.
  2. Une “rencontre entre des entités individuées” : des personnes, organisations ou collectifs qui n’avaient pas de lien explicite auparavant se rencontrent.
  3. Un “engagement intentionnel” : les personnes négocient ensemble une direction pour le nouveau collectif.
  4. La “conception de représentations communes” : les personnes font des choses ensemble, par le biais de représentations (le plus souvent des documents). Ces choses font l’objet d’une gestion collective.

Ainsi, le “lieu” du tiers-lieu peut être physique, numérique ou même “symbolique (une conviction, une lettre)”. Cette définition, de l’aveu de l’auteur, est extrêmement large et peut amener à considérer comme tiers-lieu les négociations des accords de Paris ou encore les concertations en urbanisme (Burret 2018). C’est le risque d’une approche conceptuelle, qui prend pour acquis qu’une réalité commune se cache derrière la diversité des usages d’un mot, alors qu’il pourrait s’agir de simples homonymies. De fait, les mynois·es avec qui j’ai échangé à ce propos à la Myne sont conscient·es de ce flou, ce qui ne signifie pas qu’iels renoncent à cette étiquette. Comme beaucoup d’autres membres de tiers-lieux, iels sont engagé·es dans un boundary work (Gieryn 1983 cité par Colmellere et al. 2019), un travail de délimitation par l’énonciation de valeurs, l’attachement à des généalogies, à des organisations, etc.

Encapacitation technique et rapport ambigü au marchand

On peut également décrire les tiers-lieux par la variété de leurs influences. Ainsi, beaucoup d’universitaires font remonter les tiers-lieux au mouvement hacker, qui est né aux États-Unis dans les années 1950, notamment au MIT. La génération de hackers des années 70 a joué “un rôle central, quasi mythique, dans l’émergence de la Sillicon Valley” (Colmellere et al. 2019). D’autres mentionnent aussi le mouvement hippy et les communautés intentionnelles, qui ont contribué à instaurer des rapports non-marchands au numérique. Est également cité le mouvement maker, qui s’est constitué comme un “contrepoint à l’ordre productif dominant” en valorisant le fait-main et en l’associant “à une quête de justice sociale” (Colmellere et al. 2019). Aujourd’hui, le mouvement tiers-lieu est souvent associé à l’“innovation”, à la médiation numérique et au travail collaboratif (Lhoste 2020).

Sans se réduire à ces influences, les tiers-lieux héritent donc d’une éthique de l’appropriation des techniques et de l’amélioration du quotidien par la technique, ainsi que d’un rapport ambigü au monde marchand. Ce n’est pas si étonnant : la mise en commun de savoirs et de ressources peut très bien cohabiter avec le capitalisme, comme le montre l’intérêt de Google pour l’open source. Ce rapport ambigü se manifeste notamment à la Myne dans la tradition de “permanence” : être présent·e au lieu régulièrement pour accueillir toute personne qui souhaiterait discuter d’un projet. De l’aveu de Cyrille — ingénieur·e de recherche à temps partiel et militant·e de gauche — cette pratique a pu se rapprocher de l’incubateur à start-ups, même si la plupart des projets mynois affichent une ambition d’intérêt général.

Sciences en tiers-lieu et communs de la connaissance

Pour certain·es, les tiers-lieux peuvent contribuer à rendre la recherche accessible aux non-chercheur·ses, en diffusant par la pratique les cultures techniques et scientifiques (Lhoste 2020). De fait, la Myne n’est pas la seule à côtoyer les métiers de la recherche : la coopérative TETRIS, située sur le tiers-lieu Sainte-Marthe à Grasse, comprend un “centre de recherche appliquée en sciences sociales” (« scic-tetris.org » s. d.).

À la Myne, l’intérêt pour la production de savoirs peut être rattachée à la notion de communs, que l’on rencontre vite en discutant avec ses membres. Elle a pris en importance dans la recherche en sciences sociales dans les années 1960, grâce aux travaux d’Elinor Ostrom. Ce concept servait à l’économiste pour désigner les “arrangements institutionnels” mis en place par des communautés pour gérer des ressources matérielles ou naturelles (outils agricoles, lacs, forêts, etc.) (Le Crosnier 2018). Le concept de communs a par la suite connu de nombreux développement et élargissements, pouvant s’appliquer à la maintenance collective de lieux, d’organisations, d’activités, d’oeuvres, de logiciels ou encore de connaissances (Le Crosnier 2018).

Quelques exemples de communs de la connaissance :

  • Wikipédia
  • les banques d’images en libre accès
  • les données d’institutions mises à disposition par Data.gouv
  • les données cartographiques d’Open Street Map
  • les ressources éducatives libres
  • les plans techniques en libre accès

Pour les productions culturelles, la mise en commun prend souvent la forme d’une accessibilité gratuite en ligne, de licences libres et d’une documentation associée, pratiques particulière courantes dans le monde du logiciel libre. La majeure partie du système documentaire de la Myne est organisé selon ces principes : chaque pad est par défaut lisible et modifiable par n’importe qui sur internet, et comporte une licence libre. Les membres encouragent l’écriture collective et perçoivent leur corpus documentaire comme un patrimoine informationnel, un recueil de savoirs dont il s’agit de prendre soin collectivement.

De plus, une chercheuse de la Myne entend regrouper dans la notion de communs scientifiques les sciences citoyennes et l’open science, c’est à dire l’accessibilité des publications et des données scientifiques (Brossaud 2018). Elle fait partie de l’association Coexiscience qui partage le lieu de la Myne, j’ai régulièrement interagi avec ses membres au cours de mon enquête.

Ainsi, même si la majorité des activités mynoises ne tiennent selon moi pas des sciences participatives, certaines pratiques et projections liées aux communs de la connaissance participent du même objectif : ouvrir la construction de savoirs au plus grand nombre.

Système et pratiques documentaires à la Myne

Les pads comme système documentaire

L’objet de mon enquête est de déceler ce que les usages des pads développés à la Myne peuvent apporter à des situations de construction collective de connaissances scientifiques. Cela suppose de commencer par décrire le système qui permet de produire des documents : Hedgedoc.

Comme précisé précédemment, Hedgedoc est un logiciel de traitement de texte en ligne, accessible et modifiable par tous·tes. Il ne s’agit pas d’une plateforme à proprement parler, puisque chaque collectif qui souhaite en bénéficier doit mettre en place sa propre instance sur un serveur.

L’édition des documents est basée sur une séparation forme - contenu, par l’usage du langage de balisage markdown. Celui-ci a été conçu pour être rapide à écrire, mais surtout facile à lire. L’idée est qu’”un texte balisé en markdown puisse être publié tel quel”. Ses 2 concepteurs — John Gruber et Aaron Swartz — ont donc “soigneusement choisi des caractère de ponctuation qui ressemblent à ce qu’ils signifient” (Gruber 2004, traduction personnelle). Quelques exemples de balises :

  • *texte important* : italiques
  • - liste
  • > citation
image de texte en markdown

Markdown était originellement destiné à aider les développeur·ses web à écrire et convertir des textes en HTML, mais ses usages se sont aujourd’hui largement diversifiés, notamment dans le domaine de l’édition scientifique. Écrire avec un langage de balisage permet à la mise en forme d’un texte de varier selon le contexte d’éditorialisation, tout en conservant une signification similaire (Mourat 2018).

On peut visualiser un pad de 3 manières différentes :

  • Vue “Modifier” : le document sous sa forme éditable, rédigé en markdown avec une coloration syntaxique
  • Vue “Voir” : le document en lecture seule, mis en forme sobrement
  • Vue “Les deux” : une fenêtre en markdown à côté d’une fenêtre en lecture, qui permet de voir le texte et sa mise en forme.
image de la vue “Les deux”

Ces documents ne sont pas organisés selon une arborescence de dossiers comme la plupart des systèmes d’exploitation et plateformes de stockage en ligne. Le système d’organisation des connaissances (Zacklad 2010) de la Myne repose principalement sur :

  • une forme “en réseau” : les mynois·es créent manuellement des hyperliens entre les pads qui sont en rapport les uns avec les autres.
  • une forme “à facette” : Hedgedoc prévoit la possibilité de créer des tags en les écrivant dans les pads sous la forme ###### tags: 'tag', 'tag', 'tag'. Ils peuvent ensuite être sélectionnés depuis une interface de recherche. Ne faisant pas l’objet de définitions a priori ni d’une régulation a posteriori, cet ensemble de tags peut être qualifié de folksnomie (Zacklad 2010).
image de l’interface de recherche de Hedgedoc

Les pads comme pratique et expertise documentaires

La définition exclusivement technique que je viens de donner des pads est à nuancer : les personnes avec lesquelles je me suis entretenu ou que j’ai rencontrées utilisent également le terme pour désigner un ensemble à peu près stable de pratiques.

Au cours d’un verre amical avec Andréa — chercheur·se en sciences de la terre et contributeur·rice actif·ve dans les communs numériques — iel me faisait part de ses doutes quant à la pertinence des pads pour soutenir des processus de construction de connaissances scientifiques. La conversation m’a marqué parce qu’Andréa parlait comme si on ne pouvait pas adopter de nouvelles pratiques sur Hedgedoc, alors qu’il me semblait que l’on pourrait avoir recours à des formes d’écriture plus adaptées à la production de connaissances. Ou encore, lors d’une restitution intermédiaire de mon enquête, Sam — designer et enseignant·e — et Élie — consultant·e sur des projets de territoire — expliquaient qu’il leur est arrivé de “faire des pads” sur d’autres outils, comme Etherpad ou Google Docs, en y transposant des usages développés sur l’instance Hedgedoc de la Myne.

Cette homonymie apparente entre l’outil et les pratiques ne me semble pas toujours problématique, car un des enjeux de ce mémoire est d’identifier comment des formes documentaires trouvent leur genèse dans la rencontre entre un contexte social et des outils techniques. J’utilise donc le mot “pads” pour désigner à la fois l’outil et les pratiques, parce que je considère que l’émergence de certaines formes écrites caractéristiques ont été favorisées par Hedgedoc. Toutefois, il m’est arrivé d’avoir besoin de les distinguer, j’utilise donc “Hedgedoc” pour parler de l’outil et des formules comme “les usages des pads” pour parler des pratiques.

Comme je le mentionnais précédemment, la Myne est réputée dans le réseau des tiers-lieux pour son expertise documentaire, et certain·es mynois·es sont très investi·es dans leur transmission. Claude et Camille — tous·tes deux autodidactes dans les communautés maker et hacker — les introduisent souvent dans des projets auxquels iels contribuent :

Victor : Vous faites ça souvent du coup ? Sur tous les projets, vous êtes un peu les consultant·es infrastructure numérique ?

Camille : Ah… oui, oui. [rires] En fait on a quantifié dans le temps de bénévolat, le temps qu’on a passé à transmettre la culture des usages communautaires, coopératifs ou numériques, c’est quasiment systématique en fait. On l’a transmis vers beaucoup d’écosystèmes différents. Et tu vois maintenant des institutions à l’ancienne qui commencent à utiliser les pads de la Myne

De la pertinence de la notion de “documentation”

Sam m’a également expliqué que les pratiques d’écriture sur les pads font pour ellui partie d’une notion plus générale de “documentation”, un mode de production documentaire qui s’est inscrit à la Myne dans des “moments du web” par le biais de divers médias : vidéos, graphes, tweets, etc.

Bien que ce soit un terme très circulant dans les tiers-lieux, il me semble difficile de cerner la spécificité de la “documentation” en tant que mode de production documentaire. La popularité de ce terme vient probablement de la proximité des tiers-lieux avec les fab-labs et le monde du logiciel libre, où la documentation technique est vue commme une manière d’assurer l’appropriabilité de techniques et de savoirs (Lehmans et Liquète 2019). Vigneron et al. (2019) mentionnent pour leur part 4 formes de “documentation” telles qu’elles sont utilisées dans le mouvement des communs, qui visent à rendre reproductible un artefact ou une activité :

  • Tutoriel : introduction à une activité
  • Guide pratique : description détaillée d’une activité
  • Explication : renseignements généraux et éléments de contexte
  • Guide de référence : description la plus complète possible de la conception d’un artefact

Néanmoins, j’ai pu constater d’autres usages du terme lors de mes interactions avec les mynois·es :

  • Comptes-rendus d’évènements ou d’échanges : il s’agit de noter précisément de ce qui se dit à un moment, dans un lieu physique ou numérique.
  • Explicitation et organisation d’un projet dans une base documentaire, qui mêle des comptes-rendus d’échanges à d’autres formes écrites dans des documents pour l’action (Zacklad 2004)
  • Enquête, qui se réfère à l’expression courante “documenter un phénomène”.
  • Recherche et organisation documentaire, par exemple au sein de bibliographies Zotero(La Myne s. d.c), pratique que Zacklad appellerait redocumentarisation (Zacklad 2015).

Cette homonymie a été un point d’entrée intéressant pour mon enquête, car la “documentation” est un sujet de préoccupation pour beaucoup de personnes aux intérêts différents à la Myne (La Myne s. d.b). Toutefois, je considère que ces pratiques ont des objectifs, des modalités de fabrication et des matérialités trop différentes pour que leur réunion puisse constituer un concept opérationnel pour ma recherche. De plus, ce mot ne rend selon moi pas justice à la spécificité des litéracies (Goody 2007), des savoir-lire-écrire, que les mynois·es ont développé1. Je désignerai donc les activités d’écriture et d’organisation documentaire qui prennent place à la Myne par une variété d’autres mots empruntés ou définis pour l’occasion.

Bibliographie

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  1. La litéracie, ou littératie, désigne chez Goody un stade postérieur à l’alphabétisation, où une société est suffisamment accoutumée à l’usage de l’écriture pour que celle-ci transforme durablement les productions culturelles. Le concept a ensuite été décliné pour signifier la capacité à appréhender et manipuler de l’information dans différents champs : litéracie scientifique, litéracie en santé, litéracie médiatique, litéracie publicitaire, litéracie de la donnée ou encore litéracie numérique.↩︎