Montesquieu numérisé, commémoré, et médiatisé : écritures numériques et médiations partagées autour des Lettres persanes
Jessica de Bideran
La patrimonialisation de la littérature est un processus complexe où se mêle la conservation et l’exposition de supports éditoriaux, souvent fragiles, avec la mise en récit de la vie des auteurs et de l’importance de leur œuvre sur la création artistique ou les épisodes historiques d’un territoire ou d’une nation. Si la presse et les manuels scolaires ont largement contribué au XIXe siècle à l’émergence de ce concept flou de patrimoine littéraire, quelles formes de valorisation patrimoniale du littéraire peut-on aujourd’hui observer ? Comment s’organisent les enjeux de transmission des institutions culturelles face aux pratiques d’appropriation des publics ? C’est à ces questions que souhaite répondre cette proposition. Il s’agit pour nous de contribuer aux travaux portant sur les mises en scène numériques proposées par les divers acteurs en charge de la conservation et de la valorisation du patrimoine écrit et graphique. Cette réflexion s’inscrit dans une recherche plus large cherchant à identifier et analyser les expérimentations de valorisation numérique (en ligne et in situ) des patrimoines associés à des auteurs du territoire de la Nouvelle-Aquitaine. Nous nous intéresserons ici plus particulièrement aux pratiques d’écritures numériques et collaboratives qui se sont manifestées à travers Wikipédia dans le cadre des commémorations du tricentenaire de la publication des Lettre persanes de Montesquieu. Nous tenterons ainsi de dresser des pistes de réflexion quant à la matérialité de ces mises en scène numériques que créent des collectifs complexes regroupant institutionnels et amateurs.
patrimoine écrit, patrimoine littéraire, numérisation, commémoration, médiation, collaboration, bibliothèque, amateurs

Le 10 août 1895, alors que le débat sur la représentation de la littérature au sein de la future Exposition universelle de 1900 agite les colonnes de la revue littéraire et politique Le Gaulois, Georges Thiébaud manifeste son scepticisme face aux propositions faites par ses collègues pour matérialiser l’enfantement d’une œuvre littéraire et imagine de façon ironique « une machine à réservoirs, pistons, échappements, transmissions et régulateurs, où l’on verrait d’un côté tomber automatiquement vingt années d’études, de réflexions, d’observations, de comparaisons triées, tamisées, classées, broyées, assimilées et transformées en un produit nouveau, qui sortirait de l’autre côté, tout chocolaté, sous ce titre : L’esprit des lois, système breveté Montesquieu… »1 C’est que les enjeux qui accompagnent ces débats ne sont pas seulement muséologiques : la volonté de matérialiser en un lieu précis la création littéraire nationale s’inscrit dans une série de réflexions qui marquent le XIXe siècle. La publicisation de la littérature, de son histoire, de ses grands noms et de ses lieux est en effet un des phénomènes médiatiques de ce siècle qui est marqué par un essor sans précédent de la presse périodique illustrée qui diffuse des portraits écrits et photographiques d’écrivains (Wrona 2012) ainsi que des reportages sur leurs lieux d’écriture et leurs maisons (Emery, Kempf, et Kiehl 2016). Puissant effet d’énonciation éditoriale (Souchier 1998), ce mode de diffusion périodique de la littérature et de ses grands noms participe à consacrer dans l’espace public la naissance et la conscience d’un panthéon littéraire national dont les figures et les œuvres sont sélectionnées par les détenteurs de ces canaux de diffusion.

Ce « devenir-patrimoine » de la littérature et des auteurs nationaux, bien qu’embryonnaire, s’inscrit dans un contexte plus global de reconfiguration des pratiques d’écriture et d’enregistrement du réel qui voit se diffuser la machine à écrire et les techniques photographiques. Analysant la place faite aux manuscrits d’écrivains au sein du Musée de la Littérature (1937), théorisé par Paul Valéry dans la continuité des réflexions rappelées ci-dessus, Claire Bustarret souligne combien ces bouleversements technologiques amènent les concepteurs à percevoir autrement les manuscrits autographes. Ces derniers ne sont plus seulement des « trésors » conservés par la Bibliothèque Nationale : ils deviennent aussi les témoins d’une pratique intellectuelle qui peut d’autant plus être rendue visible par leur reproduction photographique en grand format (Bustarret 2010). Et l’autrice de rappeler la réaction décrite par un commentateur contemporain d’un jeune homme qui « capture » une phrase reproduite en grand format pour la retranscrire sur un carnet personnel, semblant ainsi réagir à une sorte d’ « injonction à écrire, non pour transcrire un autographe difficile à déchiffrer, mais pour marquer de sa propre graphie, et sur un support d’usage intime, un énoncé rendu public, devenu appropriable par voie d’affichage… » (Bustarret 2010). Or, si les développements techniques et médiatiques ont contribué, en cette fin du XIXe et début du XXe siècle, à multiplier les supports d’inscription de la littérature et de ses grands noms quelles conséquences ont aujourd’hui les pratiques numériques contemporaines sur la diffusion de ce concept mal défini qu’est le patrimoine littéraire ? Quelles formes d’appropriation patrimoniale du littéraire peut-on observer via les dispositifs numériques ? Comment s’organisent les enjeux de valorisation des institutions culturelles face aux pratiques des publics ? C’est en partie à ces questions que souhaite répondre cette proposition.

À travers celle-ci, il s’agit de contribuer aux travaux portant sur les formes d’exposition du littéraire en développant une analyse info-communicationnelle des mises en scène numériques proposées par les acteurs chargé de la conservation et de la valorisation de ce patrimoine. Cette réflexion s’inscrit dans une recherche plus large entamée dans le cadre d’un programme de numérisation des fonds mauriaciens conservés en Nouvelle-Aquitaine (Baudorre et Bideran (de) 2020)(Bideran (de) 2020)(Bideran (de) 2021) et poursuivi depuis via un programme de recherche-action régional soutenu financièrement par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) Nouvelle-Aquitaine entre 2019 et 20212. Cherchant à identifier et analyser les expérimentations locales de valorisation numérique (en ligne et in situ) des patrimoines d’auteurs du territoire, cette enquête a réuni des professionnels du patrimoine (bibliothécaires et conservateurs de bibliothèques, médiateurs et documentalistes de maisons d’écrivain, techniciens des services culturels, etc.), mais aussi des représentants des publics potentiellement intéressés par ces questions (enseignants du second degré, étudiants en Humanités et wikipédiens de groupes locaux) associés selon différents modes d’organisation (projets pédagogiques, appel à volontaires, sollicitation de réseaux). Regroupés grâce à des comités de pilotage se réunissant à échéance régulière, ces différents acteurs ont noué des liens qui se sont par ailleurs matérialisés à travers des collaborations autonomes. En particulier plusieurs actions ont été menées par des wikipédiens impliqués dans ce collectif pour enrichir ou créer des articles consacrés à des œuvres littéraires ou des auteurs du territoire de la Nouvelle-Aquitaine3.

À partir de ces observations, l’hypothèse forgée est que ces co-productions médiatiques en ligne participent à la matérialisation et à la diffusion du concept de patrimoine littéraire « à travers l’espace (infini) du web » (Alix 2008) tout comme les maisons d’écrivain ou les promenades littéraires permettent de rendre tangible celui-ci dans un paysage et son territoire (Labbé 2020). Les écritures collaboratives et numériques suivies donnent à voir le renouvellement progressif et collectif d’éléments du patrimoine écrit, soit un ensemble d’objets tangibles et statiques conservés par les bibliothèques, en patrimoine littéraire, soit un ensemble d’idées et de valeurs mouvantes associé à des textes selon la logique transformatrice et créative de la trivialité (Jeanneret 2014, 15). Comme l’a montré Delphine Saurier, pour que cet « être culturel » que constitue la littérature s’autonomise en unité patrimoniale, une co-construction de sens par une diversité d’acteurs (associations, chercheurs, passionnés, etc.) est nécessaire (Saurier 2020). Or, le recours à Wikipédia pour valoriser des collections patrimoniales permet d’observer non seulement les acteurs engagés dans ces dynamiques de reconnaissance (grâce notamment au détail des comptes utilisateurs qui interviennent sur ces pages), mais aussi de suivre l’ensemble des opérations de remédiatisation de ce patrimoine écrit (grâce à l’historique des pages concernées) tout en analysant le rôle de l’énonciation éditoriale du dispositif qui rend opérant le statut patrimonial des œuvres concernées. D’un point de vue méthodologique, l’enquête combine l’analyse sémio-pragmatique des contenus en ligne avec une approche sociologique qui permet de souligner les interactions entre les sujets et institutions à partir des entretiens menés auprès des professionnels et amateurs ayant participé à ces actions.

Après avoir rappelé la particularité du patrimoine littéraire et de ses modes de médiation, j’exposerai les pratiques d’écritures numériques et collaboratives qui se sont manifestées sur Wikipédia autour de Montesquieu. Je dresserai les caractéristiques matérielles de ces mises en scène numériques, nouveaux « lieux de mémoire virtuels » (Beaudouin 2018, 6) que créent des collectifs complexes regroupant institutionnels et amateurs. Dans cette réflexion, il ne s’agit pas d’opposer un espace physique institutionnel (la bibliothèque qui conserve des fonds précieux) à un espace numérique (les pratiques en ligne des publics), mais plutôt de penser ces deux espaces comme des systèmes qui interagissent notamment grâce à la création de substituts numériques d’objets patrimoniaux conçus pour devenir des supports de médiation destinés à des publics divers et variés (Tardy 2015).

Diffuser le patrimoine écrit et écrire collectivement

Des modes d’existence numérique du patrimoine écrit

Le concept de patrimoine littéraire ne possède pas de définition précise à l’inverse du patrimoine archéologique (Livre V du Code du Patrimoine), des monuments historiques (Livre VI du Code du Patrimoine), ou du patrimoine culturel immatériel (Convention adoptée par l’UNESCO en 2003) et déborde en réalité le patrimoine écrit et graphique des bibliothèques inscrit dans le livre III du code du patrimoine (Henryot 2020). Il repose donc sur une série d’actions émanant d’acteurs extrêmement divers : inscrit au sein des programmes scolaires (Louichon 2015), personnifié dans la figure de l’auteur dont la vie fait l’objet de diverses formes de muséification (Régnier 2015) ou monumentalisé dans des maisons-musées (Saurier 2020), le patrimoine littéraire repose sur des supports d’inscription qui permettent sa matérialisation, son partage et donc sa reconnaissance collective. En cela, il se rapproche du patrimoine culturel immatériel (PCI) qui nécessite des écritures médiatiques complexes permettant de le définir, de le faire vivre et de le transmettre (Bideran (de), Deramond, et Fraysse 2022). Ces processus d’inscriptions numériques du PCI font l’objet depuis plusieurs années d’une enquête menée par Marta Severo (Severo 2018) qui lui permet de suivre la manière dont les acteurs impliqués dans cette patrimonialisation s’emparent des outils numériques pour produire et rendre publiques (les deux gestes semblant s’hybrider) ces écritures médiatiques partagées (Pianezza 2020). La chercheuse souligne le rôle majeur des communautés qui participent à la description de ces savoir-faire, coutumes, rituels et traditions sur Wikipédia, parallèlement à l’inventaire officiel mené par l’État et publié sur le site du ministère de la Culture (Severo 2022). La participation des amateurs est en effet une des spécificités du PCI, puisque ce sont eux, dans une recherche d’identité, qui contribuent à définir l’essence même de ce qui constitue leur culture et leur mémoire.

Si les termes de résistance et de collaboration traversent les études qui s’intéressent à ces projets réunissant amateurs et experts (Casemajor 2012)(Fraysse 2015), la notion d’ajustement (Jutant 2011) me paraît plus pertinente pour nommer ces pratiques. Dans le cadre de projets pédagogiques réunissant étudiants, personnels d’établissement patrimoniaux et wikipédiens (Bideran (de) et Wenz 2020), j’ai ainsi pu observer les différents modes d’engagement, les rôles et les adaptations que ces acteurs, qu’ils soient institutionnels, étudiants novices ou wikipédiens aguerris, manifestent face à ces productions médiatiques collectives et culturelles. Ce recours à la participation des publics s’inscrit par ailleurs dans un contexte de multiplication et d’ouverture des données patrimoniales (les documents numériques, leurs métadonnées, les informations associées, etc.) que les seuls professionnels ne peuvent traiter ou valoriser. Face à la numérisation de masse du patrimoine écrit et graphique, il s’agit de solliciter des usagers pour rendre intelligible celui-ci et lui permettre d’exister à travers d’autres espaces sociaux et numériques que les seules bases de données documentaires des institutions culturelles. Derrière le succès de Gallica et de ses 19 millions de visites annuelles, soit près de 52 000 visites quotidiennes4, les bibliothécaires d’établissements plus modestes soulignent en effet les limites de la dimension « locale » des bibliothèques numériques patrimoniales développées ad hoc, comme l’illustrent les statistiques de consultation de Babord-Num, la bibliothèque numérique patrimoniale du réseau documentaire des universités de Bordeaux. Ces chiffres témoignent en effet d’une origine tripartite des usagers, ⅓ provenant de Gallica, ⅓ de plateformes tierces – grâce notamment aux actions de valorisation et de dissémination menées par l’équipe sur Twitter et Wikipédia, le dernier ⅓ réunissant les usagers qui arrivent directement sur le site via un moteur de recherche (Bideran (de) et Wenz 2020). La notoriété et l’audience dont dispose Wikipédia facilitent de fait la circulation et l’appropriation des substituts numériques du patrimoine écrit et graphique jusque-là consultables dans les seules bases de données patrimoniales, « entrepôts de documents » (Beaudouin 2018, 104) dans lesquels puisent des usagers pour produire des contenus parfois surprenants (Casemajor 2013), tout en améliorant rapidement la visibilité de la structure culturelle impliquée auprès d’un public distant qui ne franchira sans doute jamais ses portes. Cette posture d’ajustement des professionnels des bibliothèques aux pratiques de consultation en ligne des publics, qui s’inscrit dans une logique de performance (toucher un public le plus large possible), est confirmée par l’équipe des fonds patrimoniaux de Bordeaux qui insiste sur l’intérêt de mettre des données et informations sur Wikipédia plus que sur le propre site institutionnel, tant en termes de visibilité pour les collections, en insérant par exemple dans des articles Wikipédia des liens vers des substituts numériques présents dans la bibliothèque numérique de l’établissement Séléné, qu’en termes d’exposition auprès de publics éloignés géographiquement, mais présents sur Wikipédia. « La puissance de Wikipédia fait que ces contenus seront forcément beaucoup plus vus que la page la plus vue de notre site Internet » signale ainsi un des conservateurs qui précise par ailleurs qu’il convient désormais aux professionnels du patrimoine d’« être présent là où vont les gens »5, suivant en cela les injonctions implicites du régime de visibilité numérique qui impose désormais aux acteurs culturels d’être présents et actifs partout où sont les publics en ligne (Rondot 2021). Comme l’affirme Nathalie Casemajor au sujet des actions de dissémination des collections de Muséum de Toulouse sur Wikipédia, « l’internaute [est désormais considéré] comme visiteur à part entière » (Casemajor 2013) pour lequel il est légitime d’exposer des substituts numériques et de produire des informations fiables sur des plateformes non institutionnelles, tout en assumant que celui-ci reste un public très difficile à cerner et qu’il convient d’accepter de « jeter une bouteille à la mer sans avoir réellement de retour » comme l’indique un des professionnels des fonds patrimoniaux de la bibliothèque de Bordeaux6.

À l’écriture collective et participative en ligne

Encore faut-il réussir à mobiliser des publics… Car si la bibliothèque municipale de Bordeaux, bibliothèque qui revendique notamment d’être « le premier centre documentaire au monde sur Montesquieu et son œuvre »7, a depuis plusieurs années une convention qui la lie à Wikimédia France, force est de constater que ces permanences mensuelles n’attirent pas la foule, contrairement à ce qu’affirment un peu rapidement les commentateurs de la culture participative sur le désir de participation des citoyens. Ces actions, qui se déroulent un samedi par mois, ne réunissent en effet, et de l’aveu même des wikipédiens impliqués, « pas beaucoup de candidats »8, la page Wikipédia dédiée à ces ateliers listant ainsi une dizaine de participants réguliers et sept participants occasionnels9. Par ailleurs, ces ateliers s’adressent en priorité aux usagers de la bibliothèque qui ne connaissent pas Wikipédia et à qui il s’agit de montrer le fonctionnement et le B.A.BA de cette encyclopédie en ligne : « ici le fond n’a finalement pas beaucoup d’importance »10 et l’on pourrait situer cette action dans les missions plus globales que les bibliothèques mènent dans le cadre de la réduction de la fracture numérique et de l’inclusion sociale et numérique (Claerr 2020). Cependant, le projet d’éditathon11 autour des Lettres persanes de Montesquieu est bien différent dans ses origines et ses objectifs. Inscrit dans le cadre plus large des commémorations consacrées au tricentenaire de la première publication de cet ouvrage, celui-ci a concrètement eu lieu le 25 septembre 2021 à la bibliothèque municipale de Bordeaux et fut organisé par l’équipe des fonds patrimoniaux en partenariat avec le groupe local des contributeurs girondins à Wikipédia réunis dans le cadre l’association la Cubale.

Comme cela a été montré au sujet de la Première Guerre mondiale, les périodes de commémoration facilitent l’activation de pratiques mémorielles collectives grâce aux efforts de mise en ligne de documents assurés par les institutions, mais aussi par l’organisation d’événements locaux qui dynamisent ces communautés et actions (Beaudouin 2018, 39). C’est dans cette perspective que le personnel de la bibliothèque a mis en place cet éditathon dont l’initiative est venue de l’institution et non du groupe de wikipédiens impliqué dans l’organisation de ces permanences régulières^ [Même si certains membres avaient déjà eu l’occasion de travailler avec des bibliothécaires sur des articles présentant des ouvrages anciens conservés par la bibliothèque tels que l’Exemplaire de Bordeaux, version imprimée des Essais entièrement annotée par Montaigne.]. Pour les professionnels des fonds précieux, il s’agit d’exploiter ce partenariat régulier pour faire vivre différemment les collections patrimoniales en reliant la programmation culturelle de l’établissement avec des actions plus spécifiques : l’acquisition de manuscrits inédits de René Maran12 et le centenaire de la publication de Batouala pour lequel il obtint le prix Goncourt en 1921 ont ainsi donné lieu à des améliorations de la page dédiée à cet auteur, à la création d’un article consacré à ce roman ainsi qu’au versement de substituts numériques de cet ouvrage depuis Sélénée13. Mais si ces commémorations donnent l’occasion de solliciter de nouveaux usagers, ce projet reste très différent, dans sa construction comme dans ses effets, des événements qui accompagnent traditionnellement ces anniversaires. La mémoire bordelaise de Montesquieu est ainsi savamment entretenue depuis au moins la fin du XVIIIe siècle par des événements temporaires (publications savantes, colloques et expositions) émanant d’une petite communauté d’experts et s’adressant à un public que l’on souhaite de plus en plus large (Sagnes 2016). Or, ici se met en place une méthodologie de travail concertée et validée par l’ensemble des acteurs plusieurs mois avant la date de l’éditathon, eux-mêmes structurés en deux pôles : l’un institutionnel et constitué de spécialistes des fonds patrimoniaux et ouvrages anciens, et l’autre amateur, composé de spécialistes de Wikipédia et de ses normes. Ce « processus qui a duré plusieurs mois »14 s’est matérialisé par un « travail collaboratif asynchrone d’écriture à distance sur un même brouillon »15 entre juin 2021 et septembre 2021, l’objectif étant d’aboutir à une version de l’article considérée comme publiable le jour de l’éditathon. Ce projet a donc supposé de la part de ces professionnels et amateurs un engagement sur le temps long, bien différent de « l’ici et maintenant » des actions de médiation classiques dont le succès se mesure à l’aune des seuls chiffres de fréquentation. Cet investissement relève d’une posture militante pour le partage des savoirs et la défense de la qualité des contenus présents sur Wikipédia, en opposition aux a priori qui demeurent dans la communauté des spécialistes du patrimoine littéraire16.

Transformer le patrimoine écrit en être culturel et co-construire le patrimoine littéraire

La transmutation du patrimoine écrit en patrimoine littéraire

Le jour J, une petite dizaine de personnes s’est donc réunie à la bibliothèque de Bordeaux dans le cadre de cette journée qui a démarré, comme souvent lors de ce type d’ateliers découverte, par une présentation de documents anciens sortis des fonds de la bibliothèque : des éditions des Lettres persanes (1721 édition A et édition B, 1754), 8 lettres inédites parues en 1745 dans Le Fantasque, et des manuscrits de Montesquieu (Les pensées tome 2 et 3, Ms 1866/2-3, et un feuillet de travail d’une Lettre persane Ms 2506/4) ont ainsi été montrés aux wikipédiens selon une « présentation savante, […] extraordinaire et très émouvante »17. La faible affluence et la dimension intimiste de cette action ont permis aux bibliothécaires de dépasser les pratiques de monstrations traditionnelles des ouvrages anciens qui, par sécurité, ont tendance à éloigner l’objet livre des publics en l’enfermant dans des vitrines (Henryot 2021b). Les personnes présentes ont pu développer un rapport direct et sensible au patrimoine écrit en observant ces documents de près, allant même jusqu’à pouvoir les manipuler, comme en atteste ce wikipédien : « tout le monde était content de cette présentation, c’était l’escalade, une dizaine de livres, des manuscrits uniques, dont un manuscrit de Montesquieu lui-même, c’était un vrai plaisir de les regarder, de les ouvrir, de les toucher… »18. Ce témoignage permet d’appréhender le rôle des émotions dans le processus de patrimonialisation, l’investissement de certains publics leur permettant d’accéder à la présence auratique d’objets authentiques. Par cette mise en visibilité spécifique, la collection patrimoniale de la bibliothèque ne s’inscrit plus seulement dans un usage élitiste et étroit destiné aux seuls chercheurs, elle devient également le support d’un dispositif de médiation qui, par sa dimension éphémère et son public restreint, dépasse les difficultés conservatoires que rencontrent les équipes en charge de ce patrimoine écrit lorsqu’elles désirent le partager plus largement. Le rappel de la figure tutélaire de Montesquieu associée à tel document qu’il a lui-même écrit et donc tenu dans ses mains atteste de leur transformation en sémiophores, « objets porteurs de caractères visibles susceptibles de recevoir des significations » (Pomian 1990). Reprenant ce concept, Daniel Jacobi évoque ainsi la « transmutation des objets dès lors qu’ils entrent dans les collections des musées » (Jacobi 2021) ou, comme ici, des bibliothèques. Les manuscrits et ouvrages ayant appartenu à Montesquieu ne sont plus de simples documents de travail rangés dans sa bibliothèque personnelle du château de La Brède ; ils sont désormais des reliques qui témoignent de l’activité réflexive d’un auteur et, par là, de son importance dans l’histoire intellectuelle nationale. Ayant perdu son utilité première tout en conservant son intégrité matérielle, le patrimoine écrit conserve de fait une valeur de trace pour les spécialistes puisqu’il leur permet « de connaître le travail de Montesquieu sur le vif » (Volpilhac et Gerbault 2020). Mais il dépasse cet usage et se métamorphose en un objet culturel autour duquel il convient de tisser des récits afin de l’inscrire dans un référentiel plus large tel que la vie de l’auteur et le rayonnement de son oeuvre. Et c’est par la circulation de ces récits sous forme de textes et de signes que le patrimoine écrit passe de l’objet documentaire statique à l’idée mouvante de patrimoine littéraire et devient cet « être culturel » soumis à de multiples appropriations et transformations.

Ce sont ces transformations et appropriations que donnent à voir les multiples versions de l’article Wikipédia des Lettres persanes et les enrichissements que celui-ci a connus lors de cet éditathon. Mis en ligne pour la première fois le 17 septembre 2004, l’article présent sur l’encyclopédie francophone a connu, en avril 2022, plus de 730 éditions réalisées par 401 éditeurs19, l’édition la plus importante étant celle réalisée par Kanumbib le 25 septembre 2021, soit le jour de l’éditathon. Kanumbib est le compte utilisateur d’un des membres de la bibliothèque de Bordeaux sur lequel a été ouvert le brouillon permettant l’écriture collaborative à distance. Cette écriture s’est étalée entre le 14 mai 2021 et le 24 septembre 2021, date à laquelle a été apposé un bandeau « Travaux » sur l’article public des Lettres persanes annonçant la refonte à venir. La mise en ligne officielle, l’après-midi du 25 septembre, de la nouvelle version du texte est de fait considérée comme la modification la plus importante puisqu’elle entraîne une transformation de plus de 45% de la version précédente et parmi les 10 éditeurs les plus actifs repérés sur cet article, 4 sont des membres de la Cubale ayant travaillé dans les jours suivants l’éditathon20. Pour autant, ces modifications ne sont pas visibles au premier regard, l’article publié le 25 septembre reprenant la structuration et les numérotations de l’ancienne version, à l’exception de l’ajout d’un paragraphe intitulé « Le voyage d’Usbek et Rica » dans la partie introductive présentant un résumé de l’œuvre. Un examen attentif révèle toutefois que ces remaniements ont un double objectif. Il s’agit d’une part de faciliter la lecture de l’article et la compréhension de l’ouvrage par le recours à des outils graphiques qui se matérialisent concrètement par la création d’un tableau de correspondance de la chronologie utilisée par Montesquieu et d’une cartographie permettant de suivre le voyage des protagonistes. D’autre part, il s’agit de donner à voir des documents authentiques en déposant sur Wikimedia Commons depuis la base Sélénée des substituts numériques d’extraits d’éditions anciennes des Lettres persanes conservées dans les collections de la bibliothèque de Bordeaux. Ces actions sont à rapprocher du constat fait par Adeline Wrona au sujet de la circulation sur les réseaux sociaux numériques de la littérature où prime notamment la mise en visibilité graphique du texte (Wrona 2017). In fine, en produisant des contenus permettant de rendre accessibles les savoirs dont ces documents sont porteurs, le collectif fait œuvre d’éditorialisation : cette écriture numérique et collaborative agit en effet comme une mise en exposition qui permet de montrer et de proposer une interprétation tout en affirmant dans l’espace public le caractère patrimonial de Montesquieu et de l’ensemble de son œuvre.

Une éditorialisation hors de l’institution au service de l’institution ?

Cet éditathon s’apparente à ce que Marta Severo nomme une « zone grise » pour définir ces actions liant institutions culturelles et wikipédiens et qui consiste à faire venir des publics amateurs pour publier ou enrichir des articles présentant les collections dont celles-ci ont la charge (Severo 2021). Elle développe ainsi l’hypothèse que ces pratiques d’écriture numériques partagées font de Wikipédia un dispositif de sciences citoyennes qui produit des savoirs, remettant en question un des principes fondateurs de l’écriture encyclopédique qui consiste à diffuser des savoirs établis par ailleurs. Peut-on faire le même constat à partir du projet qui nous préoccupe ici ? L’analyse du processus d’écriture et d’exposition médiatique du patrimoine écrit de la bibliothèque de Bordeaux que nous venons de suivre permet de compléter cette réflexion puisqu’elle révèle la dynamique fragile de transformation de ces traces documentaires, statiques, en un patrimoine littéraire soumis à des appropriations collectives. L’originalité de la posture de la bibliothèque est non seulement de produire de façon collaborative ce récit autour de Montesquieu et de son œuvre, mais aussi et surtout d’assumer le recours à une plateforme non institutionnelle pour exposer ces collections et ainsi les éditorialiser. Si ce choix est différent de celui de la BnF qui produit, pour chaque exposition accueillie dans ses murs, une exposition virtuelle dont le commissariat est clairement porté par l’institution, il s’avère pertinent pour les personnels de l’établissement bordelais. Ces derniers précisent lors de nos échanges que face aux difficultés d’obtenir des statistiques fiables sur leur bibliothèque numérique patrimoniale Sélénée, les outils Wikipédia leur permettent par exemple de savoir que « cette page est consultée en 200 et 300 fois par jour, avec des pics de 500 ou 600 consultations »21, succès de lecture qui n’est d’ailleurs pas sans intimider les wikipédiens comme le souligne, non sans humour, ce contributeur de la Cubale : « désormais, je n’ose plus mettre mon doigt dedans… »22. Au-delà de ces retours chiffrés, l’équipe de la bibliothèque met également en avant le gain de cette actualisation de la page dans le quotidien professionnel des équipes des fonds patrimoniaux et du service de médiation qui dispose désormais d’informations précises et claires sur l’histoire éditoriale des Lettres persanes pour préparer des accueils de classe, des ateliers d’éducation artistique et culturelle ou des conférences publiques23. De fait, en déléguant la posture d’autorité et en la partageant avec un collectif, l’institution initie et encadre la publication d’un texte dont la structuration et les propriétés visuelles et typographiques (le tableau de correspondance, la cartographie, mais aussi la liste des éditions de l’ouvrage et les liens vers les substituts numériques consultables sur Wikimedia Commons) le détournent en un architexte qui supporte désormais l’autorité intellectuelle. Cette légitimité repose sur deux logiques médiatiques qui s’interpénètrent : d’une part, le référencement des articles de Wikipédia par les moteurs de recherche qui assure la suprématie de cet article sur les autres formes d’éditorialisation qui peuvent exister en ligne, et, d’autre part, la plasticité des substituts numériques qui permet non seulement d’illustrer l’article, mais aussi de faciliter la circulation entre l’encyclopédie et la bibliothèque numérique patrimoniale de l’institution. Celle-ci devient dès lors la gardienne de cette mémoire à l’échelle planétaire, porteuse d’un récit autour de Montesquieu et de son œuvre.

Héritières des confiscations révolutionnaires, les bibliothèques municipales et intercommunales du territoire sont en phase de réappropriation de leurs collections patrimoniales qui représentent non plus seulement des mètres linéaires cachés dans les réserves, mais aussi désormais des supports de leur politique culturelle. Les bibliothécaires sont par conséquent nombreux à s’interroger sur ce casse-tête a priori insoluble que constitue la mise en visibilité de la collection patrimoniale et la conservation de documents précieux qui suppose de les protéger de toute dégradation. Cette redécouverte est à faire remonter aux années 1990 : au-delà des grands projets nationaux et des premières campagnes de numérisation de la BnF, à Bordeaux, la bibliothèque centrale déménage et s’installe à la bibliothèque Mériadeck en 1991 dans un bâtiment flambant neuf dont la façade vitrée s’orne, le soir venu, des signatures illuminées de Montaigne, Montesquieu et Mauriac. C’est également dans cette décennie que le fonds Montesquieu de Bordeaux connaît un accroissement considérable24 avec la dation en 1994 par la comtesse de Chabannes, dernière propriétaire du château de La Brède, de l’ensemble de la bibliothèque de Montesquieu. Les collections patrimoniales sont désormais considérées comme des leviers de reconnaissance pour la structure qui poursuit cette politique à travers son Projet culturel, scientifique, éducatif et social (PCSES). Si de plus en plus d’établissements optent pour la création d’expositions (Payen 2022), ce que ne manque pas de faire également la bibliothèque de Bordeaux qui dispose d’un espace dédié au sein de son bâtiment principal, Fabienne Henryot souligne ainsi qu’à Bordeaux le numérique permet de repenser les liens entre les actions qui relèvent de la lecture publique et les politiques d’érudition en insistant notamment sur les valeurs condensées dans le patrimoine écrit et graphique, telles que la citoyenneté ou l’ouverture d’esprit (Henryot 2021a). Cette stratégie illustre parfaitement la dimension communicationnelle de la patrimonialisation analysée par Jean Davallon sous l’angle de la « filiation inversée ». Les choix et sélections effectuées par les institutions contemporaines dans le cadre de leurs actions de médiation relèvent bien d’une instrumentalisation des artefacts du passé dans un présent soumis à de multiples influences (Davallon 2000)

Pour conclure cette réflexion, il me semble important de souligner que celle-ci s’inscrit dans un cadre de recherche plus large dont l’objectif est de suivre la construction progressive, par différents acteurs, d’un ensemble que je regroupe pour l’instant sous l’appellation de « patrimoine littéraire numérisé », mais dont le périmètre reste à définir par une enquête minutieuse sur des terrains plus larges. Cette actualisation de la littérature en objet patrimonial est sans aucun doute facilitée – mais il ne s’agit encore que d’une hypothèse de travail – par la numérisation des collections patrimoniales conservées par les bibliothèques, les centres d’archives ou les maisons d’écrivain qui confère une nouvelle visibilité à des traces documentaires autrefois connues des seuls spécialistes. Parallèlement celles-ci viennent authentifier l’existence physique de ces œuvres de l’esprit, faisant passer le texte littéraire du régime allographique de la littérature (Genette 1994) à celui du régime autographique des objets patrimoniaux (Davallon 2015). Mobilisés et mis en mouvement, les substituts numériques du patrimoine écrit contribuent finalement à renforcer l’idée de patrimoine littéraire en diffusant le schème interprétatif des objets patrimoniaux, soit un ensemble de pensées englobantes telles que l’ancienneté de l’objet, sa représentativité d’une pratique passée, sa fragilité voire sa possible disparition si des acteurs n’agissent pas pour sa sauvegarde et qui permet à chacun de reconnaître cet objet particulier comme relevant d’un patrimoine collectif…

Alix, Yves. 2008. « À travers l’espace (infini) du web : la mise en espace des collections sur internet ». Text. Bulletin des bibliothèques de France (BBF), janvier. https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2008-04-0057-010.
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  1. Voir le texte en ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5292077/f1.↩︎

  2. Porté par la cellule de transfert de l’Université Bordeaux Montaigne UBIC, on pourra consulter le rapport remis à la DRAC Nouvelle-Aquitaine en février 2022 sur HAL.↩︎

  3. Même s’il n’en sera pas question ici, je rappelle le travail effectué par William Ellison autour d’Antoine d’Abbadie, savant du XIXe dont la demeure, le château observatoire d’Abbadia, se trouve à Hendaye (64). Les archives de cet auteur sont conservées par la BnF et les Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques et un programme de transcription collaborative de ces carnets éthiopiens, associant la BnF et le CNRS, est actuellement en cours ; voir la plateforme Transcrire : https://transcrire.huma-num.fr/scripto/13/item. Je tiens d’ailleurs à dédier ce texte à William, wikipédien convaincu et convaincant décédé le 16 mars 2022, qui m’a accompagnée depuis 2015 dans la découverte des méandres de Wikipédia et qui a su transmettre aux étudiants comme à de nombreux acteurs culturels son engagement pour le partage des connaissances et des savoirs.↩︎

  4. Voir le rapport d’activité de 2020 de la BnF : https://multimedia-ext.bnf.fr/pdf/rapport_2020.pdf.↩︎

  5. Extraits de l’entretien semi-discursif réalisé le 13 janvier 2022 avec les membres des fonds patrimoniaux de la bibliothèque de Bordeaux.↩︎

  6. Extraits de l’entretien semi-discursif réalisé le 13 janvier 2022 avec les membres des fonds patrimoniaux de la bibliothèque de Bordeaux. Sur ce sujet des profils et des attentes des publics en ligne, que nous ne traiterons pas ici, on pourra se référer au dossier n°134 de Culture & Recherche consacré aux publics in situ et en ligne ainsi que sur les récentes études menées en France par la BnF et les Archives nationales (pages consultées le 14 avril 2022).↩︎

  7. Extrait de la présentation du fonds Montesquieu sur le site institutionnel de la bibliothèque : https://bibliotheque.bordeaux.fr/patrimoine/collections-patrimoniales/fonds-montesquieu (page consultée le 14 avril 2022).↩︎

  8. Extrait de l’entretien semi-discursif réalisé le 27 janvier 2022 avec Cécedille et William Ellison.↩︎

  9. Je renvoie à cet égard à la page de la Cubale, le groupe des utilisateurs de Wikipédia de la Gironde et de l’agglomération bordelaise (page consultée le 14 avril 2022).↩︎

  10. Extrait de l’entretien semi-discursif réalisé le 27 janvier 2022 avec Cécedille et William Ellison.↩︎

  11. Je reprends ici l’expression popularisée par la communauté des wikipédiens https://fr.wikipedia.org/wiki/Edit-a-thon.↩︎

  12. Elle-même médiatisée sur le fil twitter dédié aux collections rares et précieuses de la Bibliothèque de Bordeaux lors d’un post publié le 8 décembre 2021.↩︎

  13. Voir l’article Wikipédia dédié au roman Batouala de René Maran (page consultée le 14 avril 2022).↩︎

  14. Extrait de l’entretien semi-discursif réalisé le 27 janvier 2022 avec Cécedille et William Ellison.↩︎

  15. Extrait de l’entretien semi-discursif réalisé le 27 janvier 2022 avec Cécedille et William Ellison.↩︎

  16. Extraits de l’entretien semi-discursif réalisé le 13 janvier 2022 avec les membres des fonds patrimoniaux de la bibliothèque de Bordeaux.↩︎

  17. Extrait de l’entretien semi-discursif réalisé le 27 janvier 2022 avec Cécedille et William Ellison.↩︎

  18. Extrait de l’entretien semi-discursif réalisé le 27 janvier 2022 avec Cécedille et William Ellison.↩︎

  19. Les statistiques des pages et articles Wikipédia sont accessibles via les outils mis à disposition par l’encyclopédie : https://xtools.wmflabs.org/articleinfo/fr.wikipedia.org/Lettres_persanes#general-stats (page consultée le 14 avril 2022).↩︎

  20. Les 26, 27 et 28 septembre donnent en effet lieu à de nombreuses corrections plus ou moins importantes, ce qui prouve encore une fois l’investissement des bibliothécaires et wikipédiens dans cette entreprise de diffusion de connaissances.↩︎

  21. Extraits de l’entretien semi-discursif réalisé le 13 janvier 2022 avec les membres des fonds patrimoniaux de la bibliothèque de Bordeaux.↩︎

  22. Extrait de l’entretien semi-discursif réalisé le 27 janvier 2022 avec Cécedille et William Ellison.↩︎

  23. Sur Montesquieu, il existe de nombreux espaces ressources en ligne ; citons par exemple : un espace dédié à Montesquieu sur Séléné, la bibliothèque patrimoniale de Bordeaux, le dictionnaire Montesquieu de l’École Normale Supérieure de Lyon et l’édition en ligne des œuvres de Montesquieu ou encore l’espace dédié à Montesquieu par la BnF avec accès à des EPUB.↩︎

  24. Voir la description du fonds Montesquieu de la bibliothèque de Bordeaux sur le Catalogue collectif de France (CCFr)↩︎